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Le HEZBOLLAH était présent aux élections   législatives de juin 99


C'est un choc assurément quand vous découvrez l'affiche suivante

NOOR

Le parti islamique

Liste n° 40

Uniquement pour l'élection de la Chambre des représentants

 

 C'en est un autre quand vous lisez le tract électoral suivant:

 

Bruxelles, juin 1999

Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux "Ceux qui prennent comme alliés Dieu, Son prophète et ceux qui ont cru. C'est donc eux du Parti de Dieu qui sont victorieux" (Coran 5-56)

NOOR (Lumière) est le PARTI ISLAMIQUE en Belgique.

NOOR ne combat ni les flamands, ni les wallons mais l'Injustice et la Corruption.

Partout en Belgique, la population se soulève contre la carence des instances dirigeantes du pays.

NOOR a pour ambition la protection de nos villes en luttant contre le venin d'une pensée matérialiste décadente et d'une immoralité affectant le corps social.

NOOR veut une société sans drogue, sans criminalité, sans prostitution, une VIE HEUREUSE ET PRODUCTIVE POUR TOUS.

Nous savons que dans la religion se trouvent les solutions aux problèmes que nous rencontrons.

Malheureusement, les valeurs judéo-chrétiennes ne sont plus le point d'appui des orientations politiques majeures qui déterminent notre commun devenir.

Le Parti NOOR (liste n° 40 à la chambre des représentants) a pour essentielle préoccupation, de mettre l'Homme au centre de ses projets politiques dans le strict respect de ses spécificités culturelles, donc religieuses, en lui assurant une vie des plus harmonieuses au sein de la société belge.

Vous pouvez soutenir NOOR en versant vos dons au compte ... etc. "

QUE LA PAIX DE DIEU SOIT AVEC VOUS

 

 L'expression hizb Allah, "le parti ou les partisans de Dieu", le fameux hezbollah se trouve deux fois dans le Coran: V-56 et LVIII-22, la victoire leur est évidemment toujours promise.

Rappelons que Mahomet s'enfuit de La Mecque en 622 avec un petit groupe de fidèles, s'installa à Médine, organisa les immigrés musulmans en communauté‚ et y fonda le premier Etat islamique, y convertit de gré ou de force les païens, expulsa ou détruisit les tribus juives qui y vivaient; depuis plus un infidèle n'y entre.

Est-ce ce fait fondateur qui incite NOOR à cette immense prudence "NOOR ne combat ni les Flamands ni les Wallons"?

Dans la circonscription de Bruxelles-Hal-Vilvorde, le parti islamiste a recueilli 1.244 suffrages soit 0,2 % des votes valables; il obtient son meilleur score dans le canton de Saint-Gilles et avec 148 suffrages, il rassemble 1 % de l'électorat et dépasse le parti de Paul Marchal (PNPB: 0,2 %), VU-ID (0,4%), PTB-UA (0,9%) et talonne deux partis connus le PC (1,2%) et le CVP (1,2%).

Pour une première campagne, menée sans grand tapage ("Le Soir" du 14 juin 1999, lendemain des élections, écrivait même à côté du sigle NOOR "non identifié") ce n'est pas si mal, NOOR fait bien mieux à la Chambre que ce que des listes ethniques bavardes comme MARS ou GAUCHE PLURIELLE, réunissant essentiellement des candidats issus de l'immigration maghrébine, font au Conseil régional bruxellois (0,1 % pour chacune d'elles). Pour connaître la pénétration de ce parti parmi les musulmans, il faudrait rapporter les voix NOOR au nombre d'électeurs de confession musulmane qui se sont exprimés dans la circonscription de Bruxelles-Hal-Vilvorde, estimés par nous entre 20 et 40 mille - nous n'avons pas de meilleure fourchette pour l'instant – nous dirons qu'en moyenne de 3 à 6 % d'entre eux ont choisi NOOR, ce qui implique qu'aux endroits où la propagande a pu porter, dans tel quartier, autour de telle mosquée, il y eut sans doute des pointes de 10 %. Un parti islamiste a donc bel et bien pris corps ici à Bruxelles!

Immigrations nouvelles, naturalisations, naissances et conversions augmentant le nombre de musulmans de nationalité belge, si l'offre NOOR se maintient, si de plus le droit de vote est étendu aux étrangers dans diverses assemblées comme le demande déjà Philippe Moureaux ***, on pourrait avancer que son poids s'accroîtra doucement et dépassera progressivement les partis confessionnels autochtones, CVP d'abord (3,3 % à la Région), PSC ensuite (7,9 % à la Région) avec, bien entendu, une toute autre signification sauf si l'on confond, comme le fait un chercheur liégeois de l'immigration, hezbollah et démocratie chrétienne, Afghanistan talibanisé et Belgique CVP, Pakistan militaro-islamiste et Allemagne sous CDU.

Ne soyons pas surpris du décalage entre l'engouement pour les islamistes radicaux qui réunissaient plus de 37 % des suffrages lors des élections religieuses du 13 décembre 1998 au sein de la "communauté musulmane" - 350.000 personnes revendiquées comme musulmanes, 100.000 votants potentiels si l'on exclut les enfants, les grabataires, etc, 72.000 inscrits Belges et étrangers, 46.000 électeurs; parmi les 68 élus ou cooptés siégeant à l'assemblée générale (constituante), 25 indésirables ne pouvant se présenter à l'Exécutif organe chef de culte car refusés par la Sûreté de l'Etat * - et l'insuccès relatif de NOOR lors d'élections politiques, nous ne sommes qu'au d‚but d'un processus dialectique où les ambitions, les insatisfactions et les projets entre assemblées religieuse et politique se croiseront; des surprises peuvent venir de la politique internationale, d'un fait divers, d'une élection communale et changer complètement la donne.

Notons encore que, alors que Nour-Eddine Maloujahmoum n'avait pas encore été choisi comme président de l'organe chef de culte musulman, D. Beyens, président de l'Exécutif provisoire des musulmans de Belgique, souhaitait que ce président soit d'origine marocaine car "Il est temps qu'enfin la communauté marocaine de Belgique (180.000 personnes) soit fière d'avoir un leader qui soit indépendant, même vis-à-vis des officiels marocains, mais qui soit aussi suffisamment respecté par les autres communautés". D. Beyens ajoutait ainsi les 63.157 Marocains ayant opté pour la nationalité belge aux 132.831 Marocains recensés en Belgique pour faire une forte communauté marocaine de Belgique de 180.000 âmes dotée d'un leader élu!

En pratique, les musulmans n'ont pas besoin d'un parti spécifique pour relayer leurs revendications. C'est l'écolo-libéral Mostafa Ouezekhti qui, après la découverte du corps de la petite Loubna Benaïssa, relança l'idée d'élections au sein de la communauté musulmane, c'est le conseiller régional bruxellois et sénateur socialiste récemment réélu, Mohammed Daïf, qui souhaite faire reconnaître l'Aïd el Fitr (fin du ramadan) et l'Aïd el Kébir (fête du mouton) comme jours fériés dans les écoles ** et c'est sur la liste ethnique MARS que l'on retrouve un des porte-parole du Comité de vigilance créé pour demander le report des élections musulmanes et protester contre l'agréation des futurs représentants des musulmans de Belgique par la Sûreté de l'Etat.

Non, ce qui fait l'originalité et la radicalité de NOOR, c'est que à la lente islamisation par le bas, ce parti veut déjà ajouter l'islamisation par le haut.

A nous, pris ainsi en tenaille, de nous souvenir du sort réservé aux non-musulmans à Médine et ailleurs et d'agir en conséquence.

* Interview de Didier Beyens dans Nouvelle Tribune le 19 Mars 1999, voir aussi dans le même organe l'article d'Herman De Ley

** Interview de M. Daïf dans la même Nouvelle Tribune

*** "Le Soir" du 24 juin 1999 carte blanche "Droit de vote pour tous, partout et maintenant" signée notamment par Philippe Moureaux

 

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