Programme FNB - Le FNB - Démocratie - Insécurité - Islam - Armes -

 Armée belge - Santé  - Féret - Le Bastion - Emploi - Enseignement - Vos élus -

Le billet d’humeur de Charles Magne

 

EUROPE : de l'expansion ethnique à la confusion géograpique

Il y a des matins où à l’écoute du journal radiophonique, je me retrouve partagé entre le sentiment du mépris pour la modernité et celui de l’ironie tragique. Pour mon salut psychologique, j’opte en général pour l’ironie, sachant que l’indignation excessive est l’autre manière de devenir l’esclave d’une actualité manipulée pour avilir les consciences. Ce matin donc, j’apprends qu’en Italie, à Turin je crois, vient de s’ouvrir un Institut d’expansion ethnique, dans lequel on prépare méthodiquement les gens à leur dégradation physique et psychique. Au programme de cet institut : le " piercing " et la scarification. En d’autres termes, l’on y pratique l’incrustation de " bijoux " dans les lèvres, les oreilles, le nez, les parties génitales et, fin du fin, l’on y procède à des cicatrices rituelles qui dessinent sur la peau des marques dont la valeur est symbolique. L’Institut d’expansion ethnique exige que les participants à ses "activités" soient motivés non par un caprice esthétique, mais par la quête spirituelle de " la part d’ombre qui est en eux ". Sur ce dernier point je n’ai pas d’inquiétude. Je suis même certain que les candidats aux diverses mutilations ont trouvé en eux le néant qui les animait, bien avant de le chercher dans les pratiques du pseudo Institut.

 

Cette nouvelle délivrée, sans la moindre réprobation, par Philippe Meyer sur France Inter, me fait penser aux visions de l’Apocalypse de Saint Jean dans la Bible, où Satan parvient à la fin des temps à marquer les êtres jusque dans leur chair : " Par ses manœuvres tous, petits et grands, riches ou pauvres, libres ou esclaves, se feront marquer sur la main droite ou sur le front, et nul ne pourra plus acheter ni vendre s’il n’est au marqué de la Bête ou du chiffre de son nom. " (Apocalypse, Saint Jean, 13-11). Je ne sais s’il convient de donner une interprétation religieuse à ce genre de phénomène, mais l’on ne peut qu’être marqué par l’analogie. Elle me fait d’ailleurs ressouvenir d’un homme d’affaires anglo-saxon qui, il y a une dizaine d’années, se trouvait indigné que je puisse déplorer l’occidentalisation de la civilisation japonaise. Les Japonais - me disait-il en substance - forment un peuple uniforme, chez lequel l’on ne voit pas encore d’hommes portant de boucles d’oreilles ou dans le nez, raison pour laquelle il n’envisageait pas de commercer avec ce peuple.

 

Mais revenons un dernier instant sur l’Institut d’expansion ethnique, qui justifie sa philosophie par l’élargissement de la conscience des européens aux pratiques cultuelles d’autres peuples. Dès lors, l’on peut directement poser cette question à ces amateurs de chair : pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas étendre vos expériences à l’anthropophagie et à l’art des Jivaros réducteurs de tête ? Certes, la loi s’y oppose encore, mais la faveur dont dispose votre discours dans les médias - au nom de l’ethno-différentialisme – vous ouvre bien des portes et des perspectives en sauvageries diverses. Mais je me surprends encore à m’étonner... Ces pratiques ne sont pas récentes. Au milieu des quatre-vingt déjà, lors d’un voyage à Berlin, j’avais aperçu près de la porte de Brandebourg, habituée à d’autres défilés, quelques punks avec des os dans le nez. Depuis Hölderlin, Schiller et Goethe, que de progrès accomplis ! Dans ce registre, l’Allemagne donne malheureusement souvent l’exemple. Au milieu du mois de septembre, lors d’un déplacement professionnel, je me laissais aller à regarder la télévision, réglée sur le canal de l’une des premières chaînes allemandes.

Le débat de la soirée réunissait trois transsexuels et une animatrice adepte du piercing. Les protagonistes relataient avec force détails, leur castration, l’ostracisme au quotidien dont ils étaient les victimes et leur vie de couple. Rien de plus banal en somme, si ce n’est ce détail : le public était composé exclusivement d’enfants, auxquels on offrait en modèles moraux des êtres déchus de leur nature. Il ne fait aucun doute que l’on prépare, ainsi, cette génération d’Européens à l’expansion ethnique, laquelle s’inscrira dans la confusion géographique que l’Europe institutionnelle leur réserve. Les bases de cette confusion géographique viennent, en effet, d’être construites par une résolution du Parlement Européen et une recommandation de la nouvelle Commission Européenne soutenant la candidature de la Turquie à l’Union. Dans sa recommandation du 13 octobre, la Commission Prodi a rappelé la vocation de la Turquie à être membre de l’Union. La Commission propose également au Conseil que la Turquie reçoive dès le mois de décembre prochain, le statut de candidat officiel et qu’elle puisse ainsi accéder aux aides prévues par la procédure de pré-adhésion. Cette recommandation précise que ce statut pourra être obtenu sans concession politique préalable. Est-il utile de rappeler aux technocrates européens qui s’imaginent pouvoir défaire la civilisation européenne sans encourir la sanction de l’histoire et, sait-on jamais, des peuples, que la Turquie est un pays asiatique, instable, à la démographie galopante et accessoirement ....musulman ? Que la minuscule partie qu’elle occupe en Europe est le résultat d’une tragédie sans nom ? L’on peut en douter et méditer sur les leçons d’un certain mois de mai 1453. C’était le 29 mai 1453. Après deux mois d’une résistance héroïque, la seconde Rome, défendue par dix mille hommes, lâchement abandonnée par l’Europe occidentale, tombait aux mains des deux cent mille Turcs fanatisés par Mahomet II. Cette tragédie fera écrire à Mika Waltari - dans Les amants de Byzance - ces lignes d’une grande intensité : "Aleo ô Polis. La ville est perdue. Ce cri retentira dans les âges aussi longtemps que durera le monde. Si je renais à la vie, dans des siècles, mes pupilles s’élargiront d’effroi et mes cheveux se hérisseront. Je me les rappellerai. Je les reconnaîtrai, Aleo ô Polis." Sans doute, l’écrivain avait-il à l’esprit, en écrivant ces phrases, l’image des supplices infligés aux byzantins, les rues ruisselantes de sang, Sainte-Sophie profanée, un peuple réduit en esclavage, une civilisation détruite. Mais hélas, il n’est pratiquement plus d’âmes vivantes pour entendre le cri de désespoir de la ville martyre. Le devoir officiel de mémoire ne porte pas jusque là. Dans l’infamie de ce silence, l’on rejoindra plutôt l’intuition littéraire de Paul Morand qui dans sa pièce La fin de Byzance prête ces paroles au dernier empereur Constantin : "Constantinople est dans un péril extrême. Une fois tombé ce bastion oriental, ce sera le tour de l’Occident. Depuis dix siècles nous sommes séparés, mais le péril nous unit. (...) Mais ce qu’il faut sauver, c’est l’Europe ! L’Europe c’est Constantinople en plus grand. Constantinople en est la pointe extrême.". En 1683, le drame faillit se reproduire à Vienne et pour les mêmes raisons : la division des Européens et les visées impériales de Louis XIV qui, pour les assouvir, s’allia aux Turcs contre les Autrichiens. L’histoire se répétant, il s’est trouvé un nouvel empire pour enfoncer le coin turc dans la façade européenne : les Etats-Unis d’Amérique. Le nouvel empire dispose dans les eurocrates social-mondialistes de ses " idiots utiles ". Ces derniers sont prêts, par lâcheté et par ignorance, à entériner toutes les conquêtes turques - Chypre inclue -, à consacrer l’avancée de l’islam sur le continent et à accentuer les facteurs de tension avec les chrétiens orthodoxes, lesquels sont, aujourd’hui comme hier, le dernier bastion de l’Europe.

 

Charles MAGNE

(Bastion n°37 de Novembre 1999)

[Accueil]  [Bastion]