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Le billet d’humeur de Charles Magne

Euroland et la monnaie inique


Souvenez-vous ! En 1996, les institutions européennes lançaient une grande campagne de désinformation pour sensibiliser l’opinion publique sur le « caractère inéluctable de l’euro ». Le slogan de cette campagne était alors « Un euro fort pour une Europe forte ! ». Aujourd’hui, chacun appréciera la valeur du mot d’ordre destiné à rameuter les foules autour des fantasmagories monétaires des eurocrates. Une fois encore, il suffisait d’inverser les termes de la langue de bois européenne pour être dans le vrai. Ce que l’on a obtenu c’est bien « Un euro faible pour une Europe débile ». Plus qu’une vérité, c’est presque une devise. Elle devrait être frappée sur chaque billet et chaque pièce comme la maxime de l’Europe en gestation.

Pour gagner du temps (et de l’argent) je suggérerais qu’elle soit directement traduite dans les futures langues de l’Union. Cela évitera aux peuples qui évinceront les européens de souche d’inutiles frais de réimpression de la monnaie des territoires qu’ils auront conquis. Ce qu’il y a de certain c’est qu’avec l’euro on aura une Europe sans les Francs. 

Mais revenons, un instant, à l’époque où les eurocrates jouaient aux apprentis sorciers monétaires. En 1995-1996, les arguments avancés par les euro-philes pour justifier la monnaie unique étaient les suivants :

  • L’euro sera une monnaie forte parce qu’utilisée par 340 millions d’Européens.
  • L’Euro en faisant disparaître les monnaies nationales créera une masse monétaire telle, qu’elle dissuadera les mouvements spéculatifs et mettra les européens à l’abri face aux fluctuations du dollar.
  • Un euro stable et fort aura une incidence positive sur la productivité et l’emploi en Europe.

 Quand on relit cet argumentaire, on reste pantois devant son ineptie. Pour le réfuter, je reprendrai les critiques que j’avais formulées – il y a quatre ans presque jour pour jour - dans un article économique, jamais publié au motif qu’il était politiquement incorrect.

Voici ce que j’y mettais en avant pour rejeter le diktat de la monnaie unique :

  • Il est totalement dépourvu de sens d’affirmer qu’une monnaie est forte parce qu’elle est utilisée par un grand nombre d’individus. Dans cette logique, la Chine aurait la devise la plus forte au monde et la Suisse n’aurait qu’une monnaie de chiffon. Or, si l’inverse est vrai, c’est que la valeur de la monnaie est inséparable de la performance économique de la nation qui l’émet.
  • Intuitivement on peut penser que plus une masse monétaire est importante plus elle est protégée des mouvements spéculatifs. Autrement dit, il serait plus difficile de faire varier de 1% une masse monétaire de 1000 que de 100. Cet argument quantitatif est particulièrement spécieux. Pour le démonter j’utiliserai une métaphore compréhensible par tous. L’idée avancée par les eurocrates était grossièrement la suivante : il est plus facile à quelques spéculateurs de tirer un sac de 100 kg de pommes qu’un sac de 1000 kg. Apparemment ce constat est assez juste. Mais ce n’est qu’un leurre. La vérité est toute autre. Dans la réalité, il n’est pas besoin de remuer le sac d’euros pour qu’il perde de sa valeur. L’euro est un produit comme les pommes. Si les pommes du sac de 1000 kg sont réputées pleines de vers, personne ne voudra les acheter. Elles ne vaudront rien. Si les pommes du sac de 100 kg sont réputées saines, elles auront un prix. La confiance inspirée par leur marchand, la quantité et la qualité des pommes vendues sur le marché seront les déterminants de leur prix (ici le cours de la monnaie).  
  • On ne peut soutenir que la compétitivité et le niveau d’emploi dépendent de la création d’une monnaie unique. Sinon, comment expliquer que dans la Belgique des années 1960, dotée de son seul petit franc, il y avait le plein emploi ? Comment expliquer que, dans l’Europe d’aujourd’hui, plusieurs pays (Pays-Bas, Irlande, Royaume-Uni, Danemark) ont connu une forte régression de leur chômage sans le secours de l’euro ? 

 Dès ses origines, l’euro a relevé de la pathologie monétaire. Celle-ci a pour origine la fascination maladive exercée par le dollar sur les euro-philes. L’erreur de ces derniers a été – elle l’est encore - de considérer que les succès économiques des Etats-Unis sont dus à l’antériorité de leur processus d’unification monétaire, alors qu’ils ont pour cause le respect de la propriété privée, l’esprit d’initiative et la volonté de puissance. Transposer ce processus d’unification dans une Europe socialisée n’était au fond qu’un avatar technocratique de plus. On en voit maintenant les effets : la dégringolade de la monnaie européenne et l’accentuation de la hausse des coûts des produits pétroliers.

On insistera jamais assez sur le fait que depuis son lancement (janvier 1999) l’euro a perdu 29% de sa valeur. Or, cette dévaluation record est aussi celle du franc belge qui circule encore, mais n’existe déjà plus. On voit, d’ailleurs, ici se dessiner le subterfuge diabolique par lequel les eurocrates et les minorités agissantes font supporter aux peuples qu’ils gouvernent les conséquences de leurs décisions ubuesques sans eux-mêmes encourir le risque d’une sanction politique.

En effet, peu nombreux sont ceux qui réalisent que l’on détruit leur capital. Sans vouloir entrer dans des considérations trop techniques, on peut soutenir que le caractère virtuel de l’euro entraîne une discontinuité de la rationalité économique individuelle. Cela a pour conséquence pratique que les agents ont du mal à exprimer politiquement leur insatisfaction face à la manière dont leur monnaie est gérée. Pour être plus simple : chacun d’entre nous perçoit bien que l’euro dévalue mais personne ne relie ce fait à la monnaie qu’ils ont en main et qui demeure nationale.

Avant la monnaie unique, comment auraient réagi les Belges si le gouvernement avait brutalement dévalué le franc de plus du quart de sa valeur ? Pour le moins, ils auraient été mécontents. Mais, aujourd’hui, tout se passe comme si de rien n’était.

Dans tous les cas, ce ne sont pas les récents mouvements sociaux qui empêcheront les petits épargnants de payer - en monnaie sonnante et trébuchante - la facture de l’irresponsabilité collective des euro-philes.

  

Car, il faut le savoir, si rien ne change d’ici le jour où les francs disparaîtront, l’épargne de chacun aura été détruite de plus du tiers de sa valeur et les entreprises européennes seront offerte au capital américain, qui les achètera pour une bouchée de pain [1].

On savait déjà l’Etat irrésistiblement enclin à prendre l’argent dans les poches des autochtones pour remplir celles des allogènes, on découvrira bientôt qu’il a détruit des années de labeur et de privations du peuple pour nourrir sa soif croissante d’asservissement. L’euro deviendra alors véritablement une monnaie inique.

Comme auraient dit nos grands-parents dans leur sagesse pluriséculaire, l’euro sera une « monnaie de singe [2]».   



[1] D’un certain point de vue, on peut considérer que la destruction du tiers de l’épargne des ménages belges a déjà eu lieu. Pour sauver l’épargne belge, il faudrait quitter l’union monétaire et retrouver, à l’issue de cette opération, une valeur du franc belge supérieure à ce qu’elle n’est actuellement face au dollar.. .

[2] L’expression « monnaie de singe » remonte au moyen-âge, époque à laquelle on jetait de la menue monnaie de cuivre aux montreurs de singes. Les piécettes qu’ils recevaient ainsi se distinguaient de la monnaie noble composée de pièces d’or et d’argent. L’expression originale était probablement « De la monnaie pour le singe ». La contraction sémantique est coutumière de cette période. Pour des raisons évidentes, je n’épiloguerai pas sur ces variations linguistiques. Néanmoins, elles m’inspirent une nouvelle prédiction nostradamienne : « A la fin des temps, les peuples de l’euro évinceront les Francs. Les puissants de ce monde seront alors à cours d’artifices. Pour esbaudir la foule, ils lui jetteront des cacahuètes… »  

(Bastion n°46 d'octobre  2000)

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