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CONTROVERSE

Le Bastion, qui est l'organe du FNB, publie, comme l'on sait, soit les textes de ses rédacteurs, qui reflètent grosso modo la position du Parti, soit des textes écrits en toute liberté, mais sous forme de "Courrier des Lecteurs", et de façon concise. Cependant, en raison de la situation dramatique de nos agriculteurs, et d'autres acteurs de la production et de la distribution alimentaire, tels les bouchers ou les restaurateurs Le Bastion ouvre ses colonnes au dialogue, sur le drame qui nous touche tous: le drame de la vache folle. C'est l'un de nos membres agriculteurs, qui ouvre le débat.

 

... A PROPOS DE LA VACHE FOLLE...

 

N'y aurait-il que la vache qui soit folle? Certes non, j'en veux pour preuve la psychose (maladie mentale caractérisée par une altération globale de la personnalité dont les rapports à la réalité sont bouleversés - Larousse, 1998), qui s'est emparée de notre pays et de l'Europe toute entière. Depuis quelques années le sujet revient régulièrement sur le tapis, mais rarement avec une telle intensité et une telle durée que la crise que nous traversons en ce moment - je dis "nous" parce que tous nous sommes concernés: il ne s'agit pas seulement des agriculteurs, il s'agit de tous les consommateurs, voire même de l'avenir de notre économie et de notre souveraineté.

 

Ce malheur ne vient pas plus des vaches que des moutons. Avez-vous seulement pris la peine de les regarder brouter placidement dans leurs prés? Vous devriez en profiter alors qu'il en est encore temps... Non, le mal vient d'en-haut, de ces grosses têtes vides ou pis encore maléfiques. Le problème aurait pu être évité depuis longtemps si, conformément à l'ordre voulu par la nature, on n'avait pas tenté de nourrir des herbivores comme des carnivores, tout le monde le sait! Pourtant, biologiquement l'enjeu était alléchant: nourrir les animaux avec des protéines animales évite pas mal de gaspillage, le métabolisme est non seulement plus rapide mais encore plus efficace et l'indice de conversion augmente, donc différence substantielle au niveau du portefeuille. Combien de fois encore faudra-t-il rappeler à ces messieurs hyper-spécialisés dans leurs laboratoires ou leurs bureaux qu'un être vivant est un tout organisé et que la nature finit toujours par réclamer ses droits?

 

L'orchestration purement gratuite qui est donnée à cette dernière - mais non la moindre - crise pousse à bout le système économique et le calme de millions de gens. Orchestration gratuite car qu'y a-t-il en fait de bien nouveau? Des soupçons de transmission à l'homme, oui, c'est grave. Mais que dire alors de l'alcool et de la cigarette, sans même parler de la drogue? Les liens de cause à effet sont prouvés, depuis longtemps et les effets sur la santé humaine sont sans commune mesure avec ceux de la vache folle.

 

Orchestration gratuite, car qui paye les pots cassés? Tout le monde, à plus ou moins court terme. Les médias en diffusant à tort et à travers leurs informations souvent erronées, sinon sur le fond du moins sur la forme: on parle à votre coeur au lieu d'informer votre intelligence. Le mal social du pays augmente. Le secteur agricole est entièrement paralysé: chute des prix du bétail de 30% (cela dépasse la marge du bénéfice et entame chaque jour le capital: ne vaudrait-il pas mieux vider tout de suite notre étable?), le commerce se ralentit sensiblement (on n'ose plus investir quand on n'attend pas des jours meilleurs) en amont et en aval de l'agriculture (autrefois un agriculteur fournissait du travail à dix autres personnes). En bref, l'agriculture européenne, familiale et indépendante a le couteau sur la gorge et, avec elle, toutes les valeurs qu'elle renferme et sous-tend.

 

"Mais les agriculteurs se plaignent toujours! Et en plus, ils sont indemnisés!" Oui, indemnisés, mais ils n'en sortent pas indemnes, c'est certain! Indemnisés, en cas d'abattage de tout le troupeau, à 75% de la valeur marchande des animaux (n'oubliez pas de faire le décompte des 30% de crise...), des animaux sélectionnés depuis des dizaines d'années, de générations en générations. Et les remplacer par des animaux de rebut que l'on trouve sur les marchés? Ou se "recycler" - comme un déchet - dans un autre domaine? En attendant, avec le système de traçabilité mis en place, ils perdent encore le peu d'indépendance et de liberté qui leur restait encore, et, souvenez-vous, c'est le "paysan" qui fait le "pays".

 

Alors à qui profite le crime? La viande de boeuf, une fois retirée du marché, est remplacée par des viandes industrielles: celle de porc et de volaille (que l'on peut aussi bien produire ailleurs qu'en Belgique). Dans les cas extrêmes, elle n'est même plus remplacée, au risque de détruire sa santé. Ou encore par la viande hormonée américaine: plutôt les hormones, après les OGM, que Creutfeld-Jacob!... et comment remplacer les farines animales pour les porcs et les poulets dont la demande devient de plus en plus forte? Besoin de protéines? L'oncle Sam est là!... avec son soja!

 

Comment alors ne pas devenir fol?

 

Un agriculteur affolé.

 

(Bastion n°48 de Décembre  2000)

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