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Le Problème des pensions

 Beaucoup de Belges craignent pour leurs pensions. La mise à la retraite constitue pour beaucoup de Belges une perte significative de revenus et donc une diminution du standing et du confort de vie. Les pensions d’indépendant par exemple atteignent, au maximum, l’équivalent du minimex. Pour être plus clair, un indépendant belge qui a travaillé et cotisé toute sa vie touchera dans le meilleur des cas, à 65 ans, une pension équivalente aux allocations sociales d’un réfugié politique qui n’a jamais travaillé. Cette situation est manifestement anormale et scandaleuse. Pire, cette pension-aumône est mise en danger : nombre d’analystes prévoient de sérieux problèmes pour le paiement des pensions dans le futur. Qu’en est-il réellement.

Ce sont des initiatives privées qui sont à l’origine des diverses caisses de pension. Il s’agissait au départ de mutualiser les risques. Plus tard, le législateur a imposé l’affiliation à une caisse de pension. Le but était de protéger les citoyens contre leur propre imprévoyance et contre certains patrons sans scrupules. Les cotisations étaient versées selon le cas par l’employeur et/ou le travailleur. L’Etat contribuait également dans une certaine mesure au système, notamment dans le cadre de la pension « minimum vieillesse ».

Pour chaque travailleur, une cotisation était donc versée régulièrement dans la caisse de pension. Cet argent était placé collectivement, ce qui permettait d’une part un meilleur rendement, mais aussi une mutualisation des risques. Lors de la mise à la retraite, le travailleur percevait une pension proportionnelle à ses cotisations. En gros, sa pension était le fruit de la combinaison d’une assurance vie et du remboursement du capital versé et de ses intérêts.

L’ensemble des caisses était coiffé par la CGER, la Caisse Générale d’Epargne et de Retraite, un organisme d’intérêt public.

Le total des cotisations versées constituait une masse de capitaux particulièrement importante, qui était placé afin de produire des intérêts. La CGER est devenue progressivement une banque : elle octroyait notamment des prêts à intérêt avec les cotisations des épargnants.

Aux Pays-Bas, les caisses de retraite ont constitué des fonds de placement qui investissaient en bourse. Il est en effet connu que la bourse constitue à long terme le meilleur placement financier qui soit. Ce système a permis aux sociétés néerlandaises de lever d’importantes masses de capitaux pour le financement de leurs activités : c’est ainsi que de nombreuses sociétés néerlandaises sont devenues des multinationales de premier plan. Citons la Royal Dutch/Shell (Koninklijke Olie), Unilever, Philips, Ahold…Etc. La croissance de ce capital a permis au Pays-Bas, non seulement d’avoir un système de pensions particulièrement généreux, mais encore particulièrement sûr à long terme : les caisses de pension regorgent d’un capital phénoménal.

En Belgique, la masse des liquidités se trouvant dans les caisses de pensions a tenté le gouvernement, qui les a purement et simplement « empruntées ». Le gouvernement a puisé dans les caisses de pension pour ses dépenses courantes, jurant ses grands dieux que les pensions seront de toutes manières payées dans le futur grâce au système de la « répartition ». On a donc abandonné le système de capitalisation pour passer au système de la répartition.

Dans le système de capitalisation, les cotisations sont versées dans une caisse, et lors de la retraite, le travailleur perçoit en gros le capital épargné avec les intérêts. Dans le système de répartition, les cotisations ne sont pas placées, mais servent à payer immédiatement les pensions de ceux qui sont déjà retraités. Il n’y a donc plus de capital dans la caisse, et naturellement plus d’intérêts. L’ensemble des cotisations est immédiatement réparti entre les retraités. Les pensions des travailleurs qui cotisent seront payées plus tard grâce aux cotisations des générations futures.

Personne n’a vraiment protesté. Faut-il préciser que l’Etat n’était en rien propriétaire du contenu des caisses de pension… et que l’on n’a jamais demandé aux futurs retraités leur autorisation.

Toujours a la recherche de nouveaux moyens financiers, le Gouvernement ne s’est pas contenté de prendre l’argent de la caisse de retraite, il a même vendu la caisse elle-même et en a empoché le prix : la CGER, qui n’était pas propriété de l’Etat, a été récemment vendue à Fortis, et les cotisants ont été à nouveau spoliés. Le député MB a posé une question à ce sujet au Ministre des Finances de l’époque, Philippe Maystadt, qui n’y a évidemment jamais répondu…

En ce qui concerne les pensions du personnel de l’Etat, celles-ci sont versées sous forme de « salaire différé » par le service des dépenses fixes du Ministère des Finances. Dans ce système, il n’y a ni cotisations, ni capitalisation : les pensions sont payées directement à partir du budget comme les salaires des agents de l’Etat en activité. Il s’agit d’une autre forme de système de répartition : les pensions sont payées directement à partir des recettes de l’Etat (en clair avec les impôts prélevés sur le secteur privé).

Le système de répartition peut fonctionner sans problèmes tant que le nombre de cotisants reste proportionnel (ou croît plus vite) que le nombre de retraités. Mais un sérieux problème se pose lorsque le nombre de retraités augmente beaucoup plus que le nombre de travailleurs qui cotisent. Et c’est le danger qui plane sur nos pensions : le total des cotisations diminue, parce que le nombre de travailleurs diminue, alors que le total des pensions augmente, parce que le nombre des retraités augmente. Il y a de moins en moins de cotisations et de plus en plus de dépenses. A terme, le système n’est plus viable : il faudra augmenter de plus en plus les cotisations de ceux qui travaillent et diminuer de plus en plus les pensions des retraités.

Pourquoi ? En fait, de 1944 à 1964, on a connu un « baby-boom » : il y a eu de nombreuses naissances. Depuis 1964, les naissances ont fortement diminué, jusqu’à tomber largement en dessous du seuil de renouvellement de la population (évalué à 2,1 enfants par femme). Mais les enfants du baby-boom ont maintenant entre 56 et 36 ans. Les premiers prennent leur retraite, alors que le nombre de cotisants diminue (baisse de la natalité, chômage, minimexés…). On sera réellement confronté au problème lorsque les premiers enfants du baby-boom atteindront l’âge normal de la retraite, 65 ans après 1944, soit en 2009… on aura alors un « papy-boom », une explosion du nombre de retraités, et donc du coût total des pensions. Ce problème est d’autant plus grave que les Belges vivent de plus en plus vieux… ce qui accroît encore le nombre de ceux qui bénéficient d’une pension de retraite.

En bref, de moins en moins de cotisations à répartir entre de plus en plus de retraités.

Le gouvernement vient de décider de créer un fond pour les pensions futures : en bref on commence à épargner maintenant pour boucher les trous que l’on prévoit dans une dizaine d’années. L’intention est bonne, mais ce sera assurément insuffisant. C’est pourquoi, on parle d’organiser de nouveaux « piliers » pour les pensions : en bref, encourager les Belges à épargner pour leur propre pension… et à ne compter que sur eux-mêmes. Mieux vaut tard que jamais. Mais qu’adviendra-t-il de ceux pour qui il est trop tard pour se constituer un bas de laine, mais qui seront encore en vie après 2009 ??? Ils seront assurément les victimes de la politique des partis traditionnels…

Seront-ils aussi bêtes que pour continuer à voter pour ceux qui les ont spoliés ?

(Bastion n°48 de Décembre  2000)

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