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ELECTIONS EN ITALIE...

 

LOUIS MICHEL DECLARE LA GUERRE A L'ITALIE:

"LOUIS MICHEL EST UN ANE", DIT UMBERTO BOSSI...

 

Ca y est! Attachez vos ceintures. Le ministre des Affaires Etrangères belge, Louis Michel, s'en va-t-en guerre. Cette fois, contre l'Italie. C'est que les électeurs italiens vont sans doute, en avril ou mai 2001, porter au pouvoir une coalition de droite et d'extrême-droite. Comme en Autriche. Et ça, Louis Michel n'en veut à aucun prix. Pourquoi? C'est simple! Si toute alliance entre la droite et l'extrême-droite est interdite de fait, la gauche reste partout au pouvoir, en Europe, en s'alliant, elle, tranquillement à l'extrême-gauche, communistes ou autres écolos. C'est pas brillant, ça? La droite n'y voit que du feu. Sauf en Autriche. Sauf en Italie. Sauf en Suisse. Sauf... au Danemark, demain?! Mais, en quoi la politique intérieure de l'Italie, de l'Autriche... regarde-t-elle un ministre des Affaires Etrangères belge? Ah! "Je ne suis pas un diplomate", confie, ému, Louis Michel aux journalistes, le 27 février. Ne devrait-il pas, dès lors, changer de métier, interrogent alors les journalistes, dans un bref accès de lucidité. D'autant plus que Louis Michel présidera, en juin 2001, le Conseil des Ministres de l'Union Européenne. "Le Bastion" a interrogé le représentant, en Belgique, du second parti de la coalition de droite: l'Alliance Nationale.

Louis Michel se fait botter

 

Le Bastion: Monsieur Scandereberg, en avril et en mai 2001 auront lieu les élections législatives en Italie. Le 26 février, le ministre des Affaires Etrangères belge a déclaré: "Je ne souhaite pas la victoire de Bossi. C'est un fasciste". Et d'ajouter qu'en cas d'arrivée au pouvoir de la Ligue du Nord, le parti d'Umberto Bossi, il demanderait à l'Union Européenne de prendre des sanctions contre l'Italie, comme il l'a demandé l'an dernier, à l'encontre de l'Autriche. Vous représentez, quant à vous, l'Alliance Nationale de Gianfranco Fini, qui fait partie, comme la Ligue du Nord, de la coalition de droite qui se présente aux élections: la Casa de la Liberta, ou Pôle des Libertés. Umberto Bossi est-il un "fasciste"? Quelles ont été les réactions de l'Italie, aux propos de Louis Michel? Quelles ont été les réactions de monsieur Bossi lui-même?

 

Monsieur Scandereberg: Umberto Bossi est le Président de la Ligue du Nord, un parti membre de la Casa de la Liberta, et tous les membres de cette coalition sont des partis démocratiques. Le Ministre des Affaires Etrangères Louis Michel, ferait bien de s'abstenir de se mêler des affaires internes des autres pays de l'Union, et de s'occuper plutôt de son pays, qui a une image déplorable à l'étranger, et de son parti, le PRL! La coalition de la Casa de la Liberta, c'est la droite, la droite italienne démocratique. Il y a Forza Italia, de Berlusconi, l'Alliance Nationale, La Ligue du Nord, et deux partis issus de la démocratie chrétienne, dirigés par Cassini et Bouttiglione. Le peuple italien est souverain. Le peuple italien est majeur et vacciné. Les Italiens savent ce qu'ils veulent, inutile donc, pour Louis Michel, de menacer nos ressortissants, dans le but d'influencer leur vote. Tous les sondages annoncent une victoire de la droite. Personnellement, je pense que la droite italienne est une droite conséquente avec elle-même: elle s'allie avec des gens, qui partagent ses valeurs. Ce n'est pas le cas de Louis Michel, qui, dans un parti de droite, se dit de gauche et s'allie avec la gauche.

 

Le Bastion: Y a-t-il eu des réactions officielles italiennes? De la gauche donc, qui est actuellement au pouvoir?

 

Monsieur Scandereberg: Le Président de la République italienne, Carlo Ciampi, a demandé des éclaircissements au premier ministre, Giuliano Amato. Celui-ci a déclaré au Parlement que Louis Michel avait parlé au nom de son parti, le PRL, et pas au nom de l'Etat belge. Mais moi, je note que Louis Michel réitère ses déclarations, le 5 mars à la RTBF, au journal parlé. Alors, nous restons très attentifs. Quant à monsieur Bossi, il a en effet dit que Louis Michel est "un nazi rouge, de la race qui a compris qu'elle est en train de tout perdre, une caricature, un Monsieur Personne, un jacasseur, un âne qui brait".

 

Le Bastion: Y a-t-il eu des réactions au niveau de l'Union Européenne?

 

Monsieur Scandereberg: Deux partis de la Casa de la Liberta, Forza Italia et le CDU du social-chrétien Buttiglione, font partie du PPE, ou Parti Populaire Européen, dont font aussi partie vos partis sociaux-chrétiens belges. Le secrétaire-général du PPE, Alejandro Agag, a déclaré que Louis Michel avait bien tort de se faire du souci, pour la démocratie en Italie. Le Président du CDU a précisé quant à lui, que Louis Michel ferait mieux de s'occuper des problèmes de son pays, où, notamment..."apparaissent d'inquiétants symptômes de désagrégation morale, voyez la pédophilie." Mais tout le monde a été interloqué. J'étais moi-même, ce jour-là, à Casarono, où j'ai fait ériger un monument à la mémoire du mineur italien, dans les mines de Belgique, et ce en compagnie de l'Ambassadeur de Belgique en Italie: il n'était au courant de rien! Moi, je recommande à Louis Michel de se soucier plutôt, d'établir un peu de démocratie dans son parti, le PRL! Et voyez ses relations, avec feu le dictateur Kabila. Qui est cet homme-là, pour nous donner des leçons, à nous, les Italiens?!

 

Le Bastion:Le MSI de Pino Rauti, fait-il encore partie de la coalition de droite, comme en avril 2000?

 

Monsieur Scandereberg: Non, nous n'avons pas d'accords avec Rauti. Il a laissé la liberté de vote, à ses membres. Nous avons refusé toute alliance avec la Ligue du Sud, trop à gauche. Mais nous avons accepté quelques socialistes, qui viennent du parti de Bettino Craxi, et qui partagent aujourd'hui nos options.

 

Le Bastion: Sous quelle forme est conduite votre alliance électorale? Sous forme de cartels, ou par partages territoriaux? Bossi dans le Nord, Fini dans le Sud etc.?

 

Monsieur Scandereberg: Non, non, non. Nous avons, chaque fois, une liste commune, une liste unique, de la Casa de la Liberta. C'est donc bien un cartel, il n'y a pas de partages territoriaux.

 

Le Bastion: Le 17 février, 908 Kurdes ont émergé des soutes d'un cargo, qui s'était échoué volontairement sur la côte française. Cela a suscité un grand émoi, en France et en Belgique. Mais en Italie, c'est un fait tout à fait quotidien: par exemple, le 27 février, un cargo larguait 300 immigrés Kurdes, Afghans et Pakistanais, sur les côtes de la Calabre. Que fait l'Italie, pour protéger ses 7.456 km de côtes, qui sont en fait notre frontière extérieure, dans le cadre des accords de Schengen, et que fera la coalition de droite, demain?

 

Monsieur Scandereberg: Ecoutez, moi-même, je suis un immigré. J'ai quitté l'Italie, j'avais 14 ans, pour le Brésil, puis pour les mines, en Belgique. Je sais donc ce que c'est. Nous, on a immigré "propre". On nous examinait à l'arrivée: les veines, les dents. Au moindre défaut, on était écarté. Comme du bétail! On nous a parqués dans des baraquements. Il y avait, sur les vitrines des cafés, des affichettes: "Chiens et Italiens s'abstenir". Avec du travail, de la ténacité, nous avons fait notre place, ici. Mais que voyons-nous débarquer, aujourd'hui, sur les côtes d'Italie? Des milliers d'immigrés, mais aussi la prostitution, la drogue, le trafic d'armes, la contrebande. Un réfugié politique, d'accord. S'il se soumet à la loi italienne. Les autres doivent être rapatriés. La droite veut un citoyen italien, qui se sente bien chez lui, en sécurité. Dans ma région d'origine, la région des Pouilles, la droite est déjà au pouvoir et nous voulons faire de la Méditerranée, une zone frontière. Aujourd'hui, les navires pénètrent librement dans nos eaux territoriales. Demain, tout le trafic sera contrôlé, par l'Armée, la Marine et la Force Aérienne. Voyez ce qui s'est passé en août: des clandestins ont foncé sur le navire de la Guardia di Finanza, il y a eu des morts, du côté de nos douaniers.

 

Le Bastion: Mais ça, ce n'est plus de l'immigration, c'est la guerre...

 

(Bastion n°51 de Mars 2001)

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