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L'armement : Moteur de l'économie

 

Entre 1890 et 1900, la technique des armes à feu a connu une formidable évolution technologique. Peu de gens savent que cette évolution a eu une influence positive dans d’autres domaines. Outre les poudres et explosifs, la fine mécanique et les aciers spéciaux ont fait un bond technologique extraordinaire, suite aux recherches dans le cadre des armements.

En fait, la plupart des grandes découvertes technologiques du XXième siècle ont été directement ou indirectement le fruit de la recherche militaire : le moteur à réaction, les fusées, les satellites, l’énergie nucléaire, le radar, les ordinateurs, Internet, pour ne citer qu’eux. Mais aussi certaines techniques de gestion comme le PPBS, ou encore de larges pans de la psychologie sociale… La raison en est que l’avance technologique est déterminante pour obtenir la suprématie militaire… et économique.

La plupart des entreprises qui font de la recherche appliquée visent à découvrir des procédés de fabrication ou à rentabiliser des découvertes existantes. A part dans des domaines spécifiques tels que l’industrie pharmaceutique, les entreprises peuvent rarement investir des sommes énormes sans certitude de les rentabiliser.

Dans le domaine militaire, la philosophie est toute autre : il s’agit d’obtenir un avantage technologique décisif sur l’adversaire potentiel, quasi sans considération de coûts. Il s’agit donc d’un défi technologique à relever, financé de manière quasi illimitée par l’état. On comprend donc l’intérêt de la recherche militaire dans le domaine scientifique.

Lorsque le président Ronald Reagan a lancé son « initiative de défense stratégique », dite « guerre des étoiles », son but était plus économique que militaire. Il voulait donner à l’industrie américaine une avance technologique qui profiterait à l’économie américaine. En économie, il est notoire que l’avance technologique permet à son détenteur de pratiquer une stratégie de « monopole de niche » extrêmement rentable : celui qui est le seul capable de produire de la technologie de pointe fixe unilatéralement son prix et donc sa marge bénéficiaire. L’effet de mode aidant, les bénéfices peuvent être énormes.

De documents confidentiels que j’ai pu consulter en 1986, il apparaissait, que la volonté de faire participer l’Europe à cette « guerre des étoiles » visait à lui pomper sa technologie : les protocoles d’accord prévoyaient explicitement des transferts de technologie des entreprises européennes participantes vers les USA, mais prohibaient formellement l’inverse ! Autre argument en ce sens, l’IDS prévoyait des recherches dans des domaines extrêmement divers, dont les biotechnologies dont on ne perçoit que difficilement l’utilité pour détruire un missile intercontinental.

La relance de la guerre des étoiles par G.W. Bush, sous forme d’un bouclier antimissiles, n’est que la poursuite de la volonté américaine de maintenir son avance technologique. La preuve en est que ce « bouclier » n’a militairement guère de sens. Il est moins coûteux et plus efficace pour un pays tiers de transporter une bombe nucléaire, ou une arme bactériologique ou chimique, dans une valise et de pénétrer illégalement sur le territoire des USA, que de mettre au point un missile intercontinental de grande précision.

A l’heure ou l’Europe réduit ses budgets militaires à peau de chagrin, ou la Russie dépense pour son armée moins que le Bénélux, les Etats-Unis ne réduisent en rien leurs budgets militaires, mais relancent unilatéralement la course aux armements.

Dans un même contexte, on relèvera également la fuite des meilleurs cerveaux du monde entier vers les USA : non seulement, il nous privent de nos élites intellectuelles, mais ils nous laissent supporter les coûteux investissement en éducation qui ont produit ces élites scientifiques. Et comble de tout, ils arrivent à financer leur développement économique grâce à l’épargne du reste de monde !

Tout ceci n’est pas un hasard, mais le résultat de leur volonté de continuer à dominer le monde, militairement, mais surtout économiquement. A défaut d’apprécier, on ne peut qu’admirer la perspicacité visionnaire des dirigeants américains et déplorer la médiocrité de notre personnel politique.

Bastion n°55 de Septembre 2001)

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