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Le djihad mondial

LE CHOC DES CIVILISATIONS

 

LA ROUE DE L'HISTOIRE TOURNE

1848. "Un spectre hante l'Europe: c'est le spectre du communisme." ("Le manifeste communiste" K. Marx.) Cent cinquante ans plus tard, le spectre de l'islamisme nous hante. Le 9 novembre 1989, le soir de la chute du mur de Berlin, J. Julliard, éditorialiste au "Nouvel Observateur", dîne en ville ; trois filles voilées viennent d'être exclues d’un établissement de Creil. La conversation portera sur le port du voile islamique à l'école et non sur la chute de l'empire soviétique. Mentalement, les Français font face à leur vieil ennemi intime.

 

DES CONFLITS EN PERSPECTIVE

Un livre essentiel décrit le monde futur : " Le choc des civilisations ", de Samuel Huntington, (professeur à l’université de Harvard), publié en 1997 chez Odile Jacob.

1. Selon lui, le monde occidental a été successivement le théâtre de guerres entre princes qui s'efforçaient d'accroître leurs territoires (de 1648 à 1789), entre nations ou peuples (1789 à 1918), et entre idéologies — nazisme, communisme et démocratie libérale — (1918 à 1989). Désormais, il devra faire face aux conflits de civilisations.

2. Après la guerre froide, l’ordre mondial se refonde sur les grandes civilisations : la confucéenne, l'hindouiste, la slave-orthodoxe, l'occidentale (avec ses variantes européenne et nord-américaine, la latino-américaine), l'islamique (avec ses variantes arabe, turque et malaise), la japonaise et l’africaine. Chacune avance à son propre rythme. Les différences entre civilisations résultent d'un long processus historique et portent, notamment, sur les relations entre Dieu et l’homme, l’individu et le groupe, le citoyen et l’Etat, l’homme et la femme ainsi que sur l’importance relative des droits et responsabilités, de la liberté et de l’autorité, de l’égalité et de la hiérarchie. La mondialisation aiguise ces différences, le retour du religieux compensant l'affaiblissement de l'Etat-nation.

3. La civilisation est, en dehors de l'Humanité, le niveau d'identification le plus large dans lequel un homme peut se reconnaître. Ainsi un habitant de Rome se définit, avec plus ou moins d'intensité, romain, italien, catholique, chrétien, européen, occidental. Alors que dans les conflits entre idéologies, l’on pouvait choisir son camp, dans les conflits civilisationnels, la ligne de partage ami ennemi se fait suivant l’identité ("Qui êtes-vous?"), un donné qu’on ne peut modifier et dont on perçoit les tragiques conséquences dans les guerres de l’ex-Yougoslavie.

4. Les fractures entre civilisations sont devenues des lignes de front religieuses. La politique est localement ethnique et globalement, civilisationnelle ; les conflits bouillonnent du bas vers le haut ; chacun cherche l’aide de parents en civilisation. Les Tchétchènes sont aidés par les Saoudiens, les Palestiniens par tout le monde musulman, l’Arménie par les Etats-Unis, l’Azerbaïdjan par la Turquie. Au risque d’escalade plus élevé que du temps de la guerre froide s’ajoute, relayée par les antennes paraboliques, la propagation des conflits par les émigrations. On affiche ouvertement dans les quartiers turcs de Bruxelles son soutien aux Bosniaques musulmans. Une dégradation du conflit israélo-arabe a échauffé des Beurs : ils se sont attaqués à une synagogue. En dynamique des fluides, on démontre que le battement d’ailes d’un papillon en Asie peut déclencher un ouragan en Amérique, désormais l’effet papillon existe aussi en politique.

 

LES FRONTIERES SANGLANTES DE L’ISLAM

5. Entre l’Islam et le reste du monde, le conflit dure depuis l’origine, c’est à dire depuis plus de 1300 ans. Il n’est pas prêt de s’éteindre. Il gagne même en virulence avec la poussée fondamentaliste. " les musulmans ont du mal à vivre en paix avec leurs voisins " : les " antagonismes intenses et les conflits violents sont endémiques entre musulmans et non-musulmans à l’échelle locale " (p. 282 et suivantes) " Les chiffres sont irréfutables " : au cours des années 90, deux tiers des conflits inter-civilisationnels opposaient des musulmans et des non-musulmans. Si l’on prend une carte religieuse du monde, presque partout où le vert islamique s’arrête, le sang coule !

6. Cette multiplicité de conflits aux frontières de l’Islam s’explique par des facteurs anciens et nouveaux :

  1. L’Islam est une religion du glaive. Son fondateur était un combattant, aux antipodes de Bouddha, de Jésus.
  2. Grâce à leurs guerriers, parfois même à leurs marchands, les musulmans occupent un immense espace, allant du Maroc à l’Indonésie. Autant de points de contact avec les non-musulmans et donc d’occasions de conflit.
  3. Les conflits, au sein même de l’Islam, sont plus nombreux qu’au sein des autres civilisations. Par rapport aux autres nations, celles de culture musulmane — presque toutes des dictatures — ont proportionnellement au nombre d’habitants le plus grand nombre de soldats et les plus fortes dépenses militaires. L’islam exporte sa bellicosité.
  4. Les musulmans sont inassimilables et réciproquement les non-musulmans ne s’assimilent pas en Islam. Alors que, par exemple, les Confucéens s’assimilent aussi bien chez les bouddhistes (Thaïlande) que chez les chrétiens (Philippines).
  5. L’absence d’un Etat-phare musulman, qui dominerait et stabiliserait les autres pays musulmans.
  6. L’explosion démographique musulmane augmente fortement la proportion de jeunes hommes sans emploi, ce qui est propice à la violence. Ceci a été constaté entre musulmans en Algérie ou à l’égard des  non-musulmans — moins prolifiques — au Kosovo. Cette démographie galopante engendre des migrations agressives (Côte d’Ivoire, Espagne… etc. )

Des musulmans accusent l’impérialisme occidental : l’oppression de groupes musulmans les a poussés à la révolte. Mais, ils ne tiennent pas compte de cas semblables où l’inverse se produit, comme en Indonésie ou au Soudan.

DECLIN OCCIDENTAL

7. En 1900, l’Europe Occidentale et l’Amérique du Nord représentaient 44% de la population mondiale : actuellement, ils ne comptent plus que pour 13%. Leur influence décroît, le monde s’indigénise, chacun retourne à son identité fondamentale. Pour préserver son précieux héritage (liberté individuelle et culturelle, démocratie politique, etc.), l’Occident doit maintenir sa supériorité militaire, enrayer son déclin moral et démographique, maintenir sa cohérence (le multiculturalisme, suicide culturel, doit être impérativement rejeté), éviter d’intervenir dans des conflits dans lequel il n’est pas concerné.

8. Du déclin naît le risque d’invasion : " quand la civilisation n’est plus capable de se défendre elle-même parce qu’elle n’a plus la volonté de le faire, elle s’ouvre aux envahisseurs barbares " qui viennent souvent "d’une autre civilisation, plus jeune et plus puissante ". Huntington redoute que de prochains chaos ne plongent l’humanité dans les ténèbres.

 

APRES L’ATTENTAT

Après l’attentat, on a répété : " il faut éviter le choc des civilisations ". Mais qui, à part les djihadistes, cette composante belliqueuse de l’islam, souhaite réellement l’affrontement? Il est le résultat involontaire d’un enchaînement de solidarités opposées, du " un pour tous, tous pour un ". Samuel Huntington a décrit la machine infernale. Après avoir étudié quantité d’évènements et de statistiques, il a construit une vision cohérente des nouvelles relations internationales, qui permet de réfléchir aux moyens de réduire les conflits de civilisation.

Augustin

(Bastion n°56 d' Octobre 2001)

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