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L’aigle et le faucon

 

Après Gladiator, Ridley Scott nous offre un nouveau film aux mâles accents : La chute du faucon noir. Celui-ci relate un épisode méconnu de l’intervention militaire américaine en Somalie[1]. Une unité de Rangers accompagnée de commandos de la force Delta est chargée de capturer les principaux lieutenants d’un chef de guerre local, Mohamed Farrah Aidid. La mission est délicate. Elle doit se dérouler au centre de Mogadiscio, dans un milieu urbain hostile, peu propice aux opérations héliportées. A la suite d’un banal accident – la chute d’un Ranger d’un hélicoptère –, la mission de routine tourne au cauchemar. En effet, pour évacuer le blessé, les hélicoptères sont obligés de se rapprocher du sol. Rapidement, deux Blackhawks sont abattus par des roquettes[2]. Les 99 hommes débarqués se retrouvent isolés face au soulèvement de milliers de mogadisciotes. Toute la suite du film est un long hommage rendu à la résistance de cette poignée d’hommes confrontée à la multitude. L’opposition entre le courage de quelques-uns et la brutalité du nombre a, immédiatement, valu au film d’être qualifié de fascisant par les censeurs de la pensée unique. Il est vrai que les valeurs portées par les héros de Ridley Scott[3] ont de quoi choquer le marigot du politiquement correct. Courage, honneur, fraternité d’armes, goût du sacrifice telles sont les vertus chantées par ces soldats au caractère bien trempé. Le doute n’est pas leur lot. Avec une froide résolution, ils se battent jusqu’à leur dernier souffle. Leur mission qui devait durer trois-quarts d’heure en durera vingt-quatre. Face à la déferlante humaine, son seul mot d’ordre sera, désormais, de ne laisser personne derrière soi[4]. Quand on y songe, quel contraste avec le modèle moral européen ! Perverti par la culture de la culpabilité, il n’a plus d’autre horizon que la décadence des mœurs et des institutions. Pour la mare aux crapauds, dans laquelle pataugent les démocrates auto-proclamés, il n’est pas agréable de se voir rappeler que dans les cimes olympiennes plane l’aigle impérial qui préside au destin des civilisations. L’oiseau jupitérien a peu d’affinités avec la caste batracienne qui nous dirige. Celle-ci le lui rend bien qui aimerait occulter la majesté de son vol. De même aimerait-elle dissimuler certaines réalités socioculturelles par le tapage incessant de ses coassements médiatiques. Hélas pour les élites du marécage, il existe encore des artistes non-conformes qui nous montrent le monde tel qu’il est. Ainsi Scott, nous dévoile-t-il, sans fard, l’Afrique dans sa misère chronique, dans son chaos urbain et dans ses atavismes claniques. Si nous n’y prenons garde, la vision de Mogadiscio en 1993 pourrait bien être celle de Bruxelles en 2093. Cependant, malgré l’adversité, il faut garder courage. La leçon du Faucon noir n’est pas une leçon du désespoir. Elle nous enseigne que, même dans les défaites circonstancielles, il est possible de demeurer invaincu.   

Charles MAGNE



[1] En octobre 1993. Cette opération baptisée Restore Hope avait été placée sous l’égide de l’ONU. Elle visait à mettre un terme à la guerre civile qui ravageait le pays et le plongeait dans une terrible famine.

[2] Le titre du film fait explicitement référence à cet incident. En anglais, blackhawk signifie faucon noir.

[3] Un homme qui fait honneur à son nom (Scott : l’Ecossais).

[4] De ce point de vue, la mission a été accomplie. Les Rangers n’ont perdu qu’une quinzaine des leurs. Dans le rang des émeutiers, on a compté plus de mille tués.

 

(Bastion n°61 de Mai 2002)

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