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Un sujet tabou: l’intégration

 

Daniel Ducarme a rompu un consensus: « la politique d’intégration des étrangers est un échec, les personnes d’origine étrangère ne se sentent pas bien en Belgique et les Belges de souche ne se sentent pas bien chez eux »... « Nier l'évidence n'a jamais servi à rien. Ne pas oser dire les choses telles qu'elles sont, surtout dans le chef de partis démocratiques, entraîne un rejet du politique et pousse les gens à voter soit blanc, soit noir »... « ll existe un socle commun de valeurs que tout le monde doit partager, parmi lesquelles la neutralité de l'Etat et l'égalité hommes-femmes »... « Mais quand j'entends certains propos tenus par des représentants de la communauté musulmane, je dis qu'il y a un sérieux problème ».

Cette déclaration a scandalisé les autres partis traditionnels, qui se sont fendus d’un communiqué de presse commun: « Ducarme n’a rien compris », « Les dangers qui menacent notre société démocratique ne sont pas le fruit de cultures ou de religions particulières [...] Si choc il doit y avoir, il se situe entre les extrémismes et les défenseurs des valeurs démocratiques. »

La déclaration de Daniel Ducarme, ancien assistant social et homme de gauche, est trop proche des élections que pour être véritablement sincère. Il découvre bien tard une situation à laquelle de larges couches de la population belge – et immigrée – sont confrontées.

L’échec récent des négociations avec le PSC n’est sans doute pas étranger à cette prise de conscience purement électoraliste. Pourquoi n’avoir pas découvert cette triste réalité en 99, lors des négociations gouvernementales? Le désir d’aller à la soupe, après 13 années d’opposition, sans aucun doute...

On peut espérer que les citoyens belges ne se laisseront pas abuser par cette déclaration opportuniste, en totale contradiction avec la politique menée depuis 1999 par le gouvernement.

Il n’empêche que Ducarme a été déstabilisé, qu’on a parlé de démission, qu’il a été obligé de « nuancer son propos », pour ne pas dire faire marche arrière...

Plus sincère sans doute, et moins opportuniste, la prise de position surprenante du directeur du Centre pour l'Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme (CECLR), Johan Leman, qui a préconisé dans un instant de lucidité, l'interdiction du port du foulard islamique en rue en Belgique, la pénalisation des mariages blancs et une réforme de la procédure de naturalisation rapide. "Les immigrés doivent pour une part s'adapter effectivement à nos habitudes de vie. J'ai vu récemment à Bruxelles quelques femmes portant le foulard. On ne voyait que leurs yeux. Selon moi, cela doit être interdit".

Prise de position que l’intéressé s’est cru obligé de « nuancer » dès le lendemain: « il n’a jamais voulu interdire le port du foulard ». D’aucun s’interrogeaient en effet si le père Leman était influencé par le Vlaams Blok, crime absolu s’il en est!

Quoi qu’il en soit, on constate que des personnalités politiques belges – et non des moindres – ne sont plus libres d’émettre une opinion divergente de la pensée dominante, sans essuyer les foudres concentrées du reste du landernau politique, sans être obligés de faire marche arrière, voire de démentir ce qu’ils ont dit.

Il y a donc des sujets sur lesquels tout débat est interdit, pour lesquels il y a un tabou absolu. Pour lesquels, pour exister, il faut pratiquer l’autocensure. Il y a longtemps que le FNB s’en était aperçu, mais la question est trop grave que pour ne pas le souligner à nouveau.

Qualifier une opinion de « dangereuse », discréditer son auteur sans argumenter, ou pire modifier les définitions des mots pour en faire un délit, voilà bien les méthodes pratiquées par les maîtres censeurs de la gauche.

Dans une société démocratique, il ne peut y avoir de tabou en matière de débat politique. C’est l’absence de tabou et l’ouverture au débat d’idées qui fait la force d’une société, lui permet d’évoluer et de s’adapter aux faits. La véritable tolérance s’applique aux opinions, surtout lorsqu’elles sortent des sentiers battus. Par contre, lorsqu’elle s’applique aux comportements interdits, on ne parle plus de tolérance, mais de laxisme!

Ce sont souvent certaines idées marginales qui ouvrent la voie à la pensée dominante de demain. Lorsque l’opinion divergente se trouve corroborée par les faits, elle indique le sens dans lequel la société doit s’adapter.

Seul le débat, l’échange d’arguments, et la confrontation des idées aux faits, peuvent déterminer la pertinence d’une opinion, surtout marginale.

Imposer des tabous, interdire des opinions – fut-ce au nom de la nouvelle religion des droits de l’homme –, est une régression mentale, c’est retourner à la pensée magique, au moyen-âge ou pire, à la préhistoire.

François-Xavier ROBERT

(Bastion n°65 de novembre 2002)

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