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TURQUIE :

Des islamistes « modérés » au pouvoir

 

Recep Tayyip Erdogan a gagné les élections en Turquie. Son parti, l’AKP a remporté une majorité absolue. Mais Erdogan ne sera pas premier ministre: il a été condamné pour incitation à la haine religieuse, déchu de son droit d’éligibilité et destitué de son mandat de maire d’Istambul. Addullah Gül est donc devenu, à la place d’Erdogan, premier ministre d’un gouvernement islamiste homogène.

Erdogan, véritable chef du gouvernement a immédiatement commencé une tournée des gouvernements de l’Union Européenne pour préparer l’adhésion de son pays à l’Europe.

Il est étonnant que Louis Michel, qui boycottait l’Autriche ou l’Italie accepte de recevoir Erdogan avec tous les honneurs. Ou plutôt, cela montre clairement à qui il s’est vendu.

Mais qui est Tayyip Erdogan? Issu d’une famille pauvre et religieuse, il suivit une formation d’imam avant d’entrer à la faculté d’économie. Surnommé dans sa jeunesse "Mujahid1", Il a milité, dès 16 ans, au parti islamiste de feu Necmettin Erbakan et y est resté jusque aujourd’hui malgré les interdictions et changements de noms successifs.

Ancien vendeur de friandises, âgé aujourd’hui de 48 ans,
il est père d’un fils et de trois filles, dont deux étudient à l'Université d'Indiana aux Etats-Unis, parce qu'elles peuvent y étudier affublées du voile, qui est interdit par la laïcité turque.

Elu maire d’Istambul (12 millions d’habitants), il est condamné en 1999 pour incitation à la haine religieuse, déchu de son mandat et passe quatre mois derrière les barreaux.

C’est lui qui, à l’époque, affirmait dans un discours: «Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées nos casernes et
les croyants nos soldats
». Depuis longtemps, il réclamait la suppression du Directoire des affaires religieuses, qui contrôle tous les imams du pays et constitue un frein à la liberté religieuse.

Suite à sa condamnation, Erdogan, intelligent et pragmatique a décidé de modérer son langage et adopte désormais un profil moderniste.

Mais ses adversaires laïcs et l’armée turque ne s’y sont pas trompés: ce caméléon démagogue reste la bête noire du Conseil National de Sécurité (MGK). Le quotidien kémaliste Cumhuriyet (opposé à l'AKP) regrettait que "presque tous nos éditorialistes ont changé du jour au lendemain en décidant que l'AKP est un mouvement de centre-droit. C'est une grave erreur. Nous avons maintenant au pouvoir un parti islamiste."

"Prétendre qu’il existe des islamistes modérés est aussi incongru que de croire qu’il y a des nazis modérés".

Une procédure d’interdiction de l’AKP est en cours devant la Cour Constitutionnelle. Erdogan lui-même fait l’objet d’une enquête judiciaire pour enrichissement personnel. Mais comment interdire un parti qui a obtenu la majorité absolue aux dernières élections et occupe tous les postes du gouvernement?

En fait l’islamisme progresse partout en Turquie, même au sein des jeunes générations de militaires, et nombre de mesures imposées par Mustapha Kémal Atatürk ont déjà été rapportées.

On voit de plus en plus de femmes voilées, non seulement dans les campagnes, mais aussi à Istambul. La vente d’alcool est désormais prohibée dans les environs des mosquées et la danse du ventre interdite.

La Turquie, en pleine crise économique, a sanctionné ses dirigeants laïcs et rêve d’accéder à la manne européenne.

L’adhésion à L’Union Européenne constituerait un succès pour Erdogan, qui renforcerait définitivement la position des islamistes au pouvoir. D’autant plus qu’elle libérerait la Turquie de la tutelle militaire du MGK et des freins à l’islam promulgués par Atatürk.

F.X. Robert

 

Notes:

1. Le mujahid (ou moudjahid) est celui qui accomplit le Jihad (Djihad).

Voir aussi "La Turquie dans l'Europe"