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De la sécurité sociale

à la perversion égalitaire

 

Jusqu’au début du XIXième siècle, il n’y avait pas de sécurité sociale au sens moderne du terme. La solidarité interpersonnelle et interfamiliale jouait en plein : on aidait ses proches, car la vie était tellement dure qu’il était impossible de survivre sans une véritable solidarité. Mais cette entraide ne s’exerçait qu’au sein du cercle familial et au sein du cercle des fréquentations sociales. Celui qui était exclu du groupe était quasi condamné à mort, à moins d’être particulièrement fort et débrouillard.

La solidarité entre la noblesse et le peuple n’était pas un vain mot : le seigneur n’avait aucun intérêt à voir ses serfs disparaître, mais surtout, il était de tradition qu’il protège et assiste ceux qui dépendaient de lui. La solidarité ne visait que la communauté : on n’aidait que ses pauvres, ceux de sa paroisse ou de sa commune.

L’Eglise, pour sa part, exerçait systématiquement une fonction d’assistance aux miséreux, pour autant qu’ils fassent preuve de dévotion, et encourageait la charité. La charité était une démarche individuelle qui s’exerçait surtout à l’égard des isolés et des exclus (=sanctionnés socialement).

La charité est l’acte qui consiste à porter secours à un tiers à l’égard duquel on n’a aucune obligation juridique ni sociale. La charité est un acte en principe gratuit.

La solidarité est un lien de dépendance mutuelle fondé sur l’appartenance à une communauté ou sur des intérêts communs.

Le paternalisme est un comportement de protection fondé sur un lien hiérarchique comparable à celui d'un père à l'égard de son enfant.

L’aide sociale est un système général de lutte contre la misère et la pauvreté institué par les pouvoirs publics, et qui de ce fait, doit se fonder sur des règles objectives et abstraites.

Avec la révolution industrielle et le déclin du rôle de l’Eglise sont apparus deux phénomènes. D’une part, les salariés ont constitué des caisses de solidarité destinées à intervenir en faveur des membres touchés par le mauvais sort. C’était en quelque sorte, pour les populations déracinées des villes, un substitut à la solidarité familiale et interpersonnelle de jadis. L’Etat bourgeois avait en effet bien mal repris le rôle d’assistance jadis exercé par l’Eglise et le prolétariat était forcé de s’organiser pour survivre.

D’autre part le paternalisme patronal : une partie des patrons – mais malheureusement pas tous – ont compris que leur intérêt était d’avoir des salariés en bonne santé et satisfaits de leur sort. Il ne s’agissait en fait que d’une évolution naturelle de la protection qu’assuraient précédemment les nobles sur leurs gens.

Bien entendu, de nombreuses personnes continuaient à pratiquer la charité, tantôt pour se donner bonne conscience, tantôt pour tenter d’obtenir le salut de leur âme.

C’est en Allemagne qu’est apparue la première ébauche de sécurité sociale. Le chancelier Otto von Bismarck (1815-1898) rendit obligatoire les caisses de solidarité. On évitait ainsi nombre de problèmes dus à l’imprévoyance. Tout salarié devait s’affilier à une caisse de prévoyance, qui intervenait en faveur de ses membres en cas d’accident, d’incapacité de travail, de perte de l’emploi ou de mise à la retraite. Les caisses fonctionnaient suivant un double principe : capitalisation et assurance. Les cotisations étaient capitalisées en faveur du cotisant. Celui-ci constituait ainsi un pécule croissant avec le temps et dont il pouvait jouir soit en cas de chômage soit lors de sa mise à la retraite. Mais le risque était réparti sur tous les cotisants, selon le principe de l’assurance. La lutte contre les abus était relativement aisée : les autres cotisants n’avaient aucun intérêt à voir la caisse s’appauvrir à cause de profiteurs ou de tire-au-flanc. Dans certains cas, les patrons, voire l’Etat, se voyaient légalement obligés de participer aux caisses. Ce sys

tème de sécurité sociale a été qualifié de bismarckien. Il a servi de modèle à la plupart des pays d’Europe.

Lors de la seconde guerre mondiale, le concept de guerre totale fut appliqué par la plupart des belligérants. Ceux qui ne portaient pas l’uniforme étaient mobilisés dans les usines ou pour l’effort de guerre. Et tout le monde subissait les effets de la guerre : les civils étaient parfois plus exposés que les militaires eux-mêmes. Les bombardements visaient souvent plus les civils, femmes, enfants, vieillards, que les unités militaires. Cette situation fit naître dans ces pays un véritable sentiment de solidarité nationale. En Grande-Bretagne, William Henry Beveridge (1879-1963), fut chargé par le gouvernement conservateur de Winston S. Churchill d’établir un rapport et des propositions de réforme de la sécurité sociale. Ses conceptions furent publiées, le 1er décembre 1942, sous le titre « Social insurance and allied services » dans un ouvrage qui se vendit le jour même de sa parution à quelque 70.000 exemplaires. La théorie de Beveridge, approuvée et mise en œuvre par Churchill, constitue la base de la sécurité sociale moderne, le « welfare state ». En synthèse, l’accès à la sécurité sociale n’était plus limité aux seuls cotisants, mais à l’ensemble de la communauté nationale : tout le monde participant à l’effort de guerre, il fallait que la solidarité soit effectivement étendue à tous, et même à ceux qui n’avaient pas cotisé. Cette conception se justifiait économiquement par les théories de John Maynard Keynes (1883-1946). La plupart des pays d’Europe occidentale passèrent progressivement dans l’après-guerre d’un système bismarckien à un système beveridgien de « welfare state ».

Le système conçu par Lord Beveridge, pleinement justifié dans son contexte historique, commença naturellement à générer des abus… Le refrain bien connu « A la moutouelle, que la vie est belle… » dénonce cet état de fait. Si le « welfare state » fut incontestablement le moteur essentiel de l’élimination de la pauvreté, il n’en introduisait pas moins des effets pervers. Le premier est incontestablement de rompre tout lien de causalité entre un acte et ses conséquences : on pouvait désormais percevoir de l’argent sans jamais travailler, et se voir obligé de payer sans jamais pouvoir en bénéficier. De ce fait, on a détruit dans l’esprit des gens un schéma de pensée naturel qui fut à la base de toute l’évolution de l’humanité, ouvrant ainsi la porte aux idées les plus farfelues et altérant fortement le sentiment de responsabilité.… Le second fut de contribuer à générer le clientélisme politique, la dépendance et l’inertie des assistés et par-là même, une explosion des coûts sociaux et une atténuation du dynamisme économique.

Peut-être est-ce cette destruction des schémas de la logique la plus élémentaire qui a permis de pousser l’évolution sociale vers les solutions les plus aberrantes. En effet, à moins d’être étendu à l’humanité entière, le « welfare state » avait atteint son assiette maximale : il ne pouvait plus évoluer que dans ses modalités et dans le niveau de bien-être visé. Il ne devait plus être étendu, mais perfectionné. Et dans ces domaines, il reste beaucoup à faire.

Dans un contexte de déchristianisation et d’institutionnalisation de l’aide sociale, la charité et la solidarité interpersonnelle avaient largement décliné. Pourquoi aider autrui, alors qu’on est déjà contraint de le faire par ses impôts et que de plus, il y a tant d’abus… Paradoxalement, la sécurité sociale a favorisé l’émergence de l’individualisme, de l’égoïsme et le détricotage du lien social.

Le principe d’égalité, poussé jusqu’à l’absurde, voudrait étendre la sécurité sociale à tous les êtres humains, sans aucune distinction, sinon le critère aberrant de la localisation. En effet, ce critère de localisation a été adopté sur la base de l’égalité de tous sur un même territoire : égalité de droits entre les nationaux et les étrangers au sein des frontières d’un état. Il était en effet impossible, pour des raisons pratiques bien compréhensibles, d’octroyer des droits sociaux à l’ensemble de l’humanité.

Le critère de localisation est une perversion de la notion de solidarité et une atteinte grave au principe même de l’égalité commis au principe d’une conception dévoyée de l’égalité. Cela signifie que l’on va donner accès aux allocations sociales au premier venu qui débarque sur notre sol, mais les refuser à un de nos compatriotes, qui aurait cotisé, mais se trouverait dans la misère aux antipodes. La sécurité sociale se concevait dans le cadre de la solidarité nationale ou sur base de la participation à un système de cotisation, mais pas sur la base d’une simple présence sur un territoire donné.

Ce critère de localisation ne pouvait que générer des effets pervers. Il ne fallait pas être

grand clair pour prévoir qu’il allait provoquer des mouvements de population vers les lieux octroyant des allocations. L’immigration économique, sous divers prétextes tels que le refuge politique, en fut la conséquence. Nous ne nous étendrons pas ici sur les inconvénients de l’immigration et de la société multiculturelle : un livre entier n’y suffirait pas.

La solidarité ne peut se concevoir sur la base de la seule proximité physique : elle suppose une communauté d’intérêts et un lien de dépendance mutuelle concret. Le critère de localisation suscite au contraire des oppositions d’intérêts : il sape la véritable solidarité et suscite antagonismes et racisme.

Cette conception de l’égalité est totalement dévoyée : quels sont les citoyens des pays pauvres capables d’effectuer le coûteux voyage indispensable pour bénéficier de l’égalité sur le territoire des eldorados européens ? Ce ne sont certainement pas les plus pauvres : le prix d’un voyage représente pour la plupart une barrière infranchissable que seuls peuvent s’offrir les privilégiés. Dans la plupart des cas, plusieurs années de salaire. Ce ne sont certainement pas non plus les plus faibles, ni ceux qui assument des responsabilités sociales ou familiales. Au contraire, ce sont souvent des individus jeunes, célibataires, à l’esprit aventurier.

Accepter l’immigration des pays pauvres vers les pays riches crée donc une discrimination inacceptable entre les populations des pays pauvres. Ce sont les moins défavorisés qui peuvent fuir la misère. Les prédateurs et les prostituées sont d’ailleurs sur-représentés parmi ceux qui fuient leurs pays..

Soit, le migrant ne répond pas aux besoins économiques du pays d’accueil et il l’appauvrit en augmentant les charges sociales : il émarge à la sécurité sociale ou prend la place d’un autochtone, qui se voit renvoyé vers les services sociaux.

Soit le migrant répond aux besoins de main-d’œuvre du pays d’accueil du fait de ses compétences, et il appauvrit son pays d’origine. En tout état de cause, le voyage nécessaire à l’immigration constitue un désinvestissement pour le pays d’origine (le candidat vend tous ses biens) et une consommation stérile du fruit de ce désinvestissement : ce capital est consommé – et donc détruit – par le voyage sans apporter en lui-même aucune amélioration du bien-être, ni individuel, ni collectif. Le pays d’origine, enfin, perd l’investissement éventuel qu’il avait réalisé dans l’éducation du ressortissant qui émigre.

La migration de populations pauvres vers les pays où règne le bien-être est donc une aberration économique. D’une part, elle appauvrit le pays d’accueil, d’autre part, elle porte préjudice au pays d’origine.

De plus, avec le montant permettant d’assister un immigré sur notre sol, on pourrait aider un grand nombre de pauvres dans leur pays d’origine. L’efficacité voudrait qu’on refuse l’aide sociale aux immigrés sur notre sol : elle ne bénéficie, en fait, qu’aux privilégiés et non aux plus nécessiteux. On introduit, enfin, une discrimination moralement injustifiée entre ceux qui sont restés au pays et ceux qui ont eu la possibilité d’immigrer chez nous.

Dans le même ordre d’idées, il faut aborder le principe de l’aide au développement du tiers monde. Ici encore, le sacro-saint principe d’égalité est foulé aux pieds. Pour quel motif aider un pays plutôt qu’un autre ? Ou une communauté ou un projet particulier plutôt qu’un autre. La réponse est simple : il s’agit dans le meilleur des cas d’un motif d’affinité personnelle, et dans le pire des cas d’un motif de corruption. Les deux sont inacceptables. Nos pouvoirs publics devraient avant tout établir des relations économiques équitables avec les pays pauvres : ce serait à la fois beaucoup plus juste et plus efficace. Le reste relève de la charité et devrait rester l’apanage du secteur privé.

La sécurité sociale a marqué la transition d’une société primitive, hiérarchique et solidaire, vers une société égalitariste, individualiste, institutionnalisée et globale. Du lien humain et personnel, on est passé au lien juridique abstrait. Cela s’est accompagné d’une perversion des schémas de pensée, de dérives et d’abus. Sans abandonner les acquis positifs de cette évolution, notamment en ce qui concerne l’évolution du bien-être matériel, il serait temps de revenir à un certain bon sens, à admettre la réalité des liens naturels et à en tirer pragmatiquement de saines conclusions.

François-Xavier ROBERT

L’étranger qui séjourne sur notre territoire a accès à la plupart des biens publics (infrastructures, police, justice, sécurité sociale…), sans avoir contribué à leur financement. Mais la plupart des biens publics ne sont pas « purs » (comme la défense nationale) : on assiste à des effets d’éviction ou de saturation. Augmenter le nombre d’usagers de ces biens publics se fait au détriment des autres et diminue donc le bien être général.

Il serait donc normal que les étrangers n’aient accès au territoire que s’ils contribuent d’une manière ou d’une autre au financement des biens publics: en payant des impôts ou un droit d’usage (touristes).

(Bastion n°69 de mars 2003)

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