Programme FNB - Le FNB - Démocratie - Insécurité - Islam - Armes -

 Armée belge - Santé  - Féret - Le Bastion - Emploi - Enseignement - Vos élus -

La discrimination positive

 ou le mépris des talents individuels

 

Depuis quelques mois, le thème de la discrimination positive est poussé de tous ses feux par les médias officiels. Leur message est qu’il n’y aurait pas assez de mesures prises en faveur des allogènes, vivant sur notre sol, pour leur permettre de s’intégrer dans notre société. Ce battage médiatique de la part des champions de la lutte contre toute forme de discrimination souligne à quel point les contradictions du système affectent leur entendement. Car, il ne faut pas s’y tromper, la discrimination positive implique une discrimination négative de l’autre. Elle est une discrimination pure et simple. Et, ce n’est pas la perversion du concept qui en change le sens.

Toutefois, sa critique mérite mieux qu’une simple analyse sémantique. En effet, la discrimination positive n’est pas idéologiquement neutre. Elle est, comme nous le verrons, à l’opposé d’une société démocratique fondée sur les principes de liberté et de responsabilité individuelle.

La discrimination positive, que l’on présente complaisamment comme inspiré par les programmes américains d’affirmative action, puise, en vérité, ses sources dans la pensée crypto-léniniste de Gramsci. Dans les années, 1950-1960, les analyses de cet auteur ont profondément influencé les intellectuels de la gauche américaine [mais qui s’en souvient, aujourd’hui ?].

Celles-ci affirmaient que la société capitaliste avait étendu l’exploitation à de nouvelles catégories d’individus : les minorités raciales, les femmes et les homosexuels. Elles soutenaient, aussi, qu’une société ‘’juste’’ ne pourrait être construite que par l’usage de la contrainte publique en faveur desdites minorités opprimées. L’idée centrale de Gramsci était de renverser les termes de l’exploitation capitaliste en donnant à ces minorités des positions sociales qu’elles n’auraient pu, affirmait-il, occuper en suivant le libre jeu de la concurrence.

Comme on peut le constater, cette idée n’est qu’une réitération modernisée du projet marxiste de confiscation par l’Etat des ressources qui échappent à son emprise et qui sont régies par un mécanisme marchand ou par un processus de sélection indépendant : logement privé, entreprises, postes universitaires…

On peut s’étonner que les théories gramscistes aient trouvé à s’incarner dans la démocratie américaine, au travers de l’affirmative action. Toutefois, il faut replacer ce choix politique dans le contexte historique des Etats-Unis des années 1960. C’était, alors, celui de la fin de la ségrégation à l’égard de la minorité noire. Or, la réaction de culpabilisation, engendrée par la prise de conscience collective des dernières pratiques ségrégationnistes, a suscité l’illusion que l’on pouvait réparer une injustice par une autre forme de discrimination. L’intention était, peut-être bonne, mais c’était, au fond, retomber dans les mêmes schémas mentaux qui présidaient à l’injustice précédente - cette fois-ci, au détriment des individus appartenant à la majorité réputée opprimante. 

Comme tout système d’allocation socialiste des ressources, les programmes de discrimination positive américains ont été de retentissants échecs. S’ils subsistent encore aujourd’hui, c’est uniquement à cause du terrorisme intellectuel qui les entoure. Une forme de terrorisme à laquelle Bush imperator a essayé de s’attaquer récemment, mais devant laquelle il a dû s’avouer impuissant face à la tempête de protestations soulevée dans la presse américaine dominée, comme en Europe, par la gauche intellectuelle.

Quoiqu’il en soit, il faut relever que bien que générateurs d’inefficacité sociale et économique, les programmes d’affirmative action n’ont jamais véritablement handicapé la prospérité américaine. Dans les faits, leur portée a été limitée par un environnement culturel favorable à la protection des droits de propriété. Tel ne serait pas le cas en Europe où un tel contre-pouvoir culturel fait défaut.

Pour s’en convaincre, il suffit de lire la prose d’Eric Keslassy dont l’essai Démocratie et égalité vient de paraître aux éditions Bréal. Dans celui-ci il se fait le champion du principe de la discrimination positive en précisant qu’elle est le but ultime de la démocratie : « Est-ce aller à l'encontre du principe d'égalité qui est le socle de notre République ? Est-ce dénaturer notre démocratie ? C'est exactement l'inverse : il s'agit de renforcer la République et la démocratie en leur permettant de combler l'écart entre égalité formelle et égalité réelle. A quoi sert de proclamer l'égalité si celle-ci n'est pas effective dans les faits ? » (Propos recueillis dans le Figaro, édition en ligne du 9/12/2003).

Le lecteur averti aura reconnu, dans ce passage, l’inspiration marxiste du discours se référant explicitement à la distinction entre liberté formelle et réelle qui, en d’autres temps, a justifié l’instauration de la dictature du prolétariat, avec les résultats que l’on sait. Toutefois, ce n’est pas sur le terrain de l’induction historique qu’on attaquera ce genre de raisonnement mais sur celui de la logique.

En effet, il faut avoir conscience que le recours machinal, des penseurs de gauche, à un optimum théorique qui serait à atteindre en réalisant l’égalité réelle ne signifie strictement rien du point de vue logique. Qu’on le veuille ou non, l’égalité est un rapport d’identité de type 1 = 1.  Or, comme le montrent les sciences biologiques, il n’existe – pratiquement - pas deux êtres humains génétiquement identiques (sauf les jumeaux homozygotes et les clones). Il n’existe donc que des individus. Certes ces individus sont égaux dans leur nature humaine, mais ils tous ont des talents différents. Pour réaliser l’égalité réelle, il faudrait que l’humanité ne soit composée que d’un seul homme (un Robinson hermaphrodite) ou de clones parfaits ayant tous la même fonction sociale.

Un tel monde s’opposerait à la reproduction sexuée du genre et à la division du travail, il serait, par définition, contraire à la nature humaine. Ne pouvant dépasser l’horizon de la division du travail, la discrimination positive ne peut donc s’appliquer que par secteur d’activités. Par exemple, on jugera que X ou Y, appartenant à une minorité réputée discriminée, doit être docteur en médecine à la place de Z, appartenant à la majorité réputée opprimante.

Par définition, le critère de sélection de la discrimination positive ne peut pas être le talent individuel car si X ou Y étaient plus aptes que Z, la question de leur accès au poste convoité ne se poserait pas. La discrimination positive est, par conséquent, un mécanisme d’anti-sélection basé sur une définition arbitraire du concept de minorité opprimée. L’arbitraire de la définition est, en effet, total car si X (par exemple, un Tutsi) et Y (par exemple, un Hutu) sont tous les deux réputés appartenir à une minorité opprimée comment choisir celui qui doit prendre la place du Belge de souche ?

Le choix du bénéficiaire de la discrimination positive se fait, alors, sur une base purement subjective. Elle relève du caprice des dirigeants politiques, lesquels sont mécaniquement incités à définir des quotas de minorités en fonction de leurs intérêts électoraux bien compris. En cela, on peut soutenir que la discrimination positive n’est que le dernier signe pathologique, en date, du clientélisme politique qui caractérise la polytyrannie belge.  

            Quoiqu’il en soit, on peut aller plus loin dans la critique théorique du concept en soulignant qu’il n’existe pas, dans une société démocratique, de critère objectif pour définir le statut de minorité discriminée. A moins de sombrer dans un matérialisme grossier, on doit reconnaître que le nombre des minorités est infini. Il y a ainsi la minorité des grands, des petits, des maigres, des gros, des chauves, des barbus, des végétariens, des vieillards, des enfants, etc. Les critères de ces catégories sont cumulables entre-eux : on peut être petit, barbu gros et chauve - ce qui n’empêche pas d’être néanmoins durablement ministre semble-t-il. Ensuite, au sein de ces catégories, il existe des variations considérables. Prenons la minorité des grands. Au sein de cette catégorie, il y a les grands, les très grands et les géants.

S’il fallait, par exemple, conduire un programme de discrimination positive pour qu’il y ait davantage de petits joueurs dans l’équipe nationale de basket, on peut se demander à quel seuil fixer les candidats éligibles à la mesure ? Serait-ce en dessous de la taille moyenne (1,75m) ? Cependant, cette taille moyenne est le résultat de la sommation de toutes les tailles (celle des grands et des petits) divisées par le nombre d’individus. C’est donc un nombre imaginaire qui ne représente aucune réalité physique tangible. Comment serait-on certain de sélectionner un joueur authentiquement petit ? Certes, on pourrait se rabattre sur les nains qui, à première vue, ne sont pas bien grands.

Ceux-ci devraient-ils prendre, pour autant, la place des géants dans les équipes de basket ? Mais les géants sont eux-mêmes une minorité par rapport à la moyenne administrative des sujets du Royaume. Alors, pourquoi discriminer leur minorité au profit d’une autre ? Supposons toutefois que nos gouvernants décident, pour des raisons de haute morale, que les équipes de basket doivent être composées d’un certain quota de nains. On peut, dès lors, anticiper que la coordination balistique entre les nains et les géants sera moins bonne que dans les équipes uniquement composées de géants.

Le rendement de l’équipe nationale baissera inévitablement. Le but de l’égalité réelle (motif de la discrimination positive) à atteindre se déplace, alors, sur la scène internationale. Comment tolérer l’existence d’équipes homogènes plus performantes que la nôtre ? La tentation pourrait être de fermer nos frontières aux équipes étrangères et d’interdire la sortie du territoire de l’équipe nationale. Mais cela, c’est du communisme et après 80 millions de morts dans les goulags et les chambres de torture, cette idéologie a un peu perdu de son prestige. En plus, contre qui jouerait l’équipe nationale ? Une solution serait de passer par l’ONU et d’exiger une convention universelle pour que toutes les équipes de basket soient composées sur le modèle de la discrimination positivement belge. Cela serait, enfin, une tâche à la hauteur de notre ministre des affaires étranges. Supposons, maintenant, que l’Omar Michel parvienne à ses fins et que la convention soit adoptée par toutes les nations. Il demeure une dernière difficulté dans la perspective de l’égalité réelle : comment accepter que certaines équipes, positivement discriminées, demeurent, malgré tout, plus performantes et continuent de marquer plus de points que d’autres ? N’est-ce pas, en effet, une discrimination injuste que celle de jouer dans une équipe perdante ?

Parvenu à ce stade, il devient difficile de trouver le remède à l’inégalité réelle des résultats. Le placement de force des mauvais joueurs nationaux dans les bonnes équipes étrangères et vice-versa ne ferait, une fois de plus, que déplacer le problème. En outre, cela enlèverait leur caractère national aux équipes en ‘’compétition’’. Admettons, toutefois, que se mette en place une autorité centrale mondialisée qui planifie et maximise la composition des équipes selon une formule idéale [bons nains/mauvais géants-mauvais + mauvais nains/bons géants] en vue d’atteindre des résultats ex æquo ou nuls. On aurait fait certes un progrès. Mais, il y aurait toujours, compte tenu du facteur humain, le risque d’un gagnant ou d’un perdant.

Finalement, il ne resterait plus qu’une solution pour atteindre l’égalité réelle : la proclamation autoritaire des résultats, quel que soit le nombre de paniers marqués par les équipes en présence. Tout le monde ex æquo  et on en parle plus. Oui ! Mais, alors, pourquoi jouer si les résultats sont connus d’avance ?

Cette parabole des basketteurs nains et géants démontre, en tout cas, deux choses : a) le concept de discrimination positive est une absurdité totale et b) il conduit nécessairement au socialisme démotivant, négateur des libertés individuelles.

Face à ce raisonnement, on imagine bien les idéologues du Centre d’Egalité des Cancres objecter que le but de la discrimination positive n’est pas d’assurer la promotion des nains dans l’équipe nationale de basket, mais celle des minorités (entre autres) raciales occupant notre territoire. Retenons, un instant, leur objection et vérifions en la pertinence.

Faut-il rappeler ici que selon le credo de ces mêmes idéologues, les races n’existent pas. Aussi se pose la question de savoir comment on peut établir une discrimination sur la base d’un critère qui n’existe pas ? N’y a-t-il pas là quelque contradiction dans les termes ? Nous voilà donc, malgré nous, forcés d’admettre, pour suivre leur raisonnement en faveur de la discrimination positive qu’elles existent. Or, comme nous l’avons vu en introduction, la discrimination positive implique une discrimination négative. En l’occurrence, celle du bon peuple de souche. Il s’ensuit que la discrimination positive légalise le racisme anti-européen. Un racisme manifestement acceptable aux yeux de l’élite qui nous dirige.     

On ajoutera que le racisme de la discrimination positive n’est pas, en dépit des apparences, un pur ethnomasasochisme. Il demeure un racisme ethno-centré car il postule que le non-européen ne peut parvenir, par ses propres moyens, à des positions sociales jugées supérieures. Il a besoin de passe-droits et de la faveur des blancs.

Il ne faut pas avoir un doctorat en psychologie sociale pour comprendre le résultat d’un tel système, basé sur le mépris des talents individuels, fussent-ils ceux des étrangers. Ceux qui en bénéficient en méprisent en retour les auteurs et leur société, car ils leur ont ôté la fierté de réussir par eux-mêmes.

Ainsi, loin d’être une mesure facilitant l’intégration, la discrimination positive est une machine à promouvoir des incompétents aigris. Et, Oui messieurs les gauchistes dures sont les lois de la droite raison ! Essayez d’en retenir la leçon, vous nous éviterez, ainsi, bien des drames historiques.

Charles Magne

 

 

 

 

(Bastion n°78 de février 2004)

[Accueil]  [Bastion]