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Un cow-boy à la maison blanche

 

Chers et fidèles lecteurs, à l’approche de Noël j’ai tenté de trouver un sujet qui nous sorte des habituels méfaits inspirés par la pseudo religion d’amour et de paix. En cette période christique où la joie devrait inspirer nos esprits,  je me voyais mal disserter sur les abattoirs islamistes de Fallouja ou d’ailleurs. Il me fallait, donc, trouver une nouvelle qui sans être nécessairement bonne ne fut point trop mauvaise.

Curieusement, c’est un récent documentaire de la RTBF intitulé Les derniers cow-boys – se moquant indirectement de Bush Junior  - qui m’a donné l’envie de consacrer quelques réflexions à l’élection présidentielle américaine. Non que j’attende le moindre salut d’un vote outre-atlantique. Comme je l’ai écrit il y a quatre ans, lors de l’élection de l’impétrant, les ennemis politiques de nos médias méritent, souvent, que l’on s’y intéresse. Car, c’est un fait marquant, la quasi-totalité de notre élite dirigeante s’est mobilisée contre Bush. Ainsi, nos journalistes et nos politiciens n’ont pas manqué une occasion de dire que la majorité des Belges aurait voté Kerry et de nous seriner tout le mal qu’ils pensaient de l’actuel locataire de la Maison Blanche.

La persistance, sur plusieurs semaines, de cette campagne d’agit-prop doit nous amener à nous poser la question de son véritable but. Qui pourrait, en effet, sérieusement croire que les aboiements névrotiques de nos chiens de garde idéologiques pourraient réellement intimider le corps électoral américain ? Non ! La vraie finalité de toute cette propagande anti-Bush était de renforcer l’emprise du système sur nos concitoyens.

A cette fin, on a employé la vieille technique manipulatoire, si prisée par Staline, qui consiste à désigner un ennemi (extérieur) pour éloigner l’attention des problèmes intérieurs. Ainsi, au temps du socialisme réel, l’ennemi incarné était le camarade Trotski auteur de tous les complots et sabotages. Au temps du socialisme virtuel, c’est le cow-boy ultra-conservateur Bush. On observera que cette technique n’a pas pour seul effet de détourner l’attention des faits sociaux qui fâchent. En se focalisant sur un sujet sans objet – puisque les électeurs belges ne peuvent influencer le résultat de l’élection présidentielle américaine -, elle introduit un élément d’irrationalité collective, typique de la pensée magique. Formulé d’une autre manière, on peut dire que les centaines d’heures consacrées par nos médias à ratiociner sur le duel Bush-Kerry ont été perdues pour la démocratie belge. Un faux sujet a évincé tous les vrais sujets de société. Le virtuel a chassé le réel. Cela n’est pas tout. L’élection de Bush a été, aussi, utilisée comme un agent de conformité. C’est là un vieux truc de la psychologie sociale : des leaders d’opinion donnent leur appréciation sur un individu quelconque et l’immense majorité du groupe récepteur calque sa propre opinion sur celle des émetteurs. On peut déplorer l’astuce manipulatoire, elle n’en est pas moins efficace. Tous les tests de psychologie sociale le prouvent[1].

Dans le cas d’espèce, l’opération anti-Bush offrait, au système, une possibilité de gains multiples : a) un effet de diversion qui éloigne des vrais débats de société : criminalité, faillite de la social-démocratie, immigration, islamisation… b) moins d’esprit critique dans le corps social préparant les citoyens à la dictature des émotions, c) plus de conformisme politique – le rêve de tous les totalitarismes – sur fond d’incantation propriatoire (Moi je ne voterais pas Bush, un peu comme le Moi je ne suis pas raciste…)  d) le rejet du système politico-économique qui fait la puissance des Etats-Unis.

Ce dernier point est, sans doute, le plus fondamental, car ce qu’il faut bien comprendre, ici, c’est que Bush représente pour nos politiciens l’anti-modèle de ce qu’ils sont. Ainsi, Bush est-il animé par la force de ses convictions : ils sont mus par l’esprit de compromission. Bush montre un certain courage dans l’adversité : ils sont d’une lâcheté abyssale. Bush est pour la peine de mort : ils sont pour la protection des assassins. Bush est pour une société de responsabilité où l’on récompense ceux qui travaillent : ils veulent saigner à blanc tous ceux qui créent des richesses. Bush propose le recul de l’Etat : ils veulent règlementer jusqu’à nos pensées. Bush dénonce l’échec de l’affirmative action : ils sont pour la généralisation de la discrimination positive. Bush renforce son armée : ils démantèlent  la nôtre. Bush soutient les hautes technologies aérospatiales : ils subventionnent les concerts de tam-tam...

Il n’est pas utile de poursuivre, plus avant, la liste des raisons de notre déclin. Ce qu’il faut relever à son sujet, c’est que notre caste dirigeante ne souhaite en aucun cas que le peuple puisse faire le lien conceptuel entre leurs pratiques politiques et les performances socio-économiques qui en résultent. En diabolisant Bush, ils verrouillent la niche idéologique dont ils tirent leur pouvoir et empêchent toute remise en cause. Tel est le vrai propos de cet article qui ne vise nullement à encenser l’imperator américain mais à servir de cure de désintoxication aux victimes de l’empoisonnement médiatique.

Quelques rusés politiciens nous objecteraient, peut-être, que Kerry aurait été un bien meilleur président pour l’Europe quand même. Soit ! Mais de quel point de vue ? De celui de leurs intérêts politiques, certainement. Car, le programme archéo-keynésien de Kerry, d’augmentation des impôts, aurait sans doute coûté deux ou trois points de croissance aux Etats-Unis. Cela les auraient rapproché des niveaux européens et, en conséquence, gommé un différentiel révélateur de l’impasse économique dans laquelle la Belgique est engagée. Or, s’il est bien quelque chose que la nomenklatura belge abomine par dessus tout ce sont les comparaisons qui favorisent la transparence et la concurrence politique.

En matière de politique étrangère, il n’est pas du tout certain que Kerry aurait mieux ‘’servi’’ les Européens que Bush. Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, la vision démocrate et républicaine des intérêts géostratégiques des Etats-Unis ne diffère pas substantiellement. Le programme des deux partis est, dans ce domaine, quasi-identique. Certes, il y a une différence d’approche entre les deux formations politiques mais l’objectif reste le même. La mandature Clinton a montré que le parti démocrate est enclin à soutenir l’islam contre l’Europe pour augmenter la puissance des Etats-Unis, tandis que les événements en Afghanistan et en Irak semblent indiquer que le parti républicain préfère, dans le même dessein, la confrontation directe avec les marches musulmanes de l’empire.

Entre les deux, il n’est pas étonnant que nos élites islamophiles auraient préféré Kerry à la Maison Blanche. C’est, en effet, celui qui aurait le moins nuit à l’idéologie du multi-multi, dans la mesure où Bush, par ses opérations militaires, met en lumière le conflit de civilisation que les canons de la pensée officielle ne sauraient reconnaître. Telle est la véritable raison des rodomontades de nos politiciens à l’égard de l’Irak. Car il serait faux de croire qu’ils s’indignent le moins du monde de la présence de troupes US dans ce pays, alors qu’ils s’accommodent fort bien de l’occupation, depuis trente ans, d’une partie du territoire de l’Union Européenne (le nord de Chypre) par les forces militaires turques.

 Justement, à propos de l’occupant turc, on observera que s’il est bien un domaine d’entente entre Kerry et Bush c’est de pousser de tous leurs feux la candidature ottomane à l’Union Européenne. Comme par hasard, c’est également ce que désire le plus ardemment notre super-élite gouvernementale. Ceci confirme, de manière éclatante, ce que j’ai toujours pensé de l’anti-américanisme officiel. Il s’oppose systématiquement à tout ce qui dans le modèle américain pourrait nous renforcer et soutient tout ce qui venant de lui contribue à nous affaiblir. C’est donc un anti-américanisme de façade qui, dans les faits, nourrit la puissance impériale.

 Pour conclure, sur la réélection de Bush, je voudrais consacrer quelques lignes à une question qui ferait un beau sujet de thèse en sciences politiques (fortement déconseillé en Belgique si l’on souhaite obtenir un doctorat), soit celle de savoir comment, malgré une forte proportion de médias orientés à gauche, Bush junior a pu remporter la bataille électorale du second mandat ?

La réponse à cette question doit être recherchée dans la dynamique institutionnelle des Etats-Unis qui est marquée par l’état de droit et le marché. Ces deux institutions, au sens hayékien, ont interagi pour assainir la culture dominante et favoriser une seconde révolution conservatrice qui a seulement débuté à la fin de la présidence de Bush senior.

En résumé, on peut décrire, comme suit, la dynamique qui a permis au fils de dépasser le père. Dans les années 1980, c’était un fait notoire que 95% des journalistes des grands médias américains – y compris ceux dits de droite – étaient à gauche. Cela ouvrait la porte à toutes les manipulations de l’opinion et surtout à la formation d’un conformisme politique total (selon le mécanisme décrit plus haut) que l’on désigne, aujourd’hui en Europe, sous les termes de politiquement correct ou de pensée unique.

Cependant, l’état de droit, malgré cet aléa, a résisté aux pressions liberticides de la gauche médiatique, politique et syndicaliste. Bon an mal an, il a garanti aux Etats-Unis une liberté d’opinion dont on n’a même plus l’idée en Europe. Ensuite, pendant les années Reagan (1980-1988), le retour du marché et de la libre entreprise, comme principes élémentaires d’organisation socio-économique, a profondément assaini les cadres mentaux des Américains. A partir de ce moment, ils se sont aperçus que le monde décrit par les médias ne correspondait en rien au monde réel. Au début des années 1990, lesdits grands médias ont commencé à perdre toute crédibilité. Plusieurs enquêtes d’opinion ont montré, dans cette période, que la profession de journaliste était l’une des plus déconsidérées de toutes. La situation était mûre pour l’apparition d’une offre alternative d’informations. C’est ainsi que quelques radios (elles sont aujourd’hui plusieurs centaines) ont commencé à diffuser quotidiennement des Conservative talk shows, dans lesquels d’adroits polémistes - dont la figure de proue est le réputé Rush Limbaugh - démontent un à un les artifices et les bobards de la gauche médiatico-politique. Est-il besoin de préciser que nombre de ces émissions qui ont pignon sur rue aux Etats-Unis vaudraient chez nous, à leurs auteurs, force procédures, amendes, interdiction d’émettre, condamnations et autres tracasseries judiciaires.

Quoiqu’il en soit, c’est dans cette offre concurrente d’informations que Bush a trouvé les conditions de sa réélection. Car, c’est là une leçon fondamentale de la psychologie sociale : dès que des messages émis sur un sujet ou une personne deviennent divergents, il n’est plus possible d’établir un agent de conformité[2]. Les récepteurs essayent, alors, de se faire une opinion par eux-mêmes. Telle est la véritable nature de la liberté de l’information : la pluralité des analyses divergentes.

Le grand drame de l’Europe et de la Belgique en particulier, c’est que nous sommes toujours dans la situation où les grands médias sont encadrés par l’Etat et dominés par la pensée de gauche. Que nos politiciens et nos journalistes s’entendent, comme larrons en foire, pour liquider l’Etat de droit et le marché afin d’empêcher la diffusion de messages non-conformes qui ruineraient leur monopole.

Sur ce point, nous devrions envier les états-uniens : la concurrence de l’information a favorisé le retour de valeurs saines dans leur pays : le culte du héros, le goût du sacrifice, l’esprit d’aventures. C’est que tentait de railler, maladroitement, le documentaire de la RTBF présentant les membres d’associations qui cultivent la morale cow-boy : mélange sympathique d’individualisme, d’altruisme et de conscience historique. Tout dans ce reportage visait à tourner en dérision ces adeptes de la Bible et du Colt. Néanmoins, lorsqu’on les entendait témoigner, ils n’avaient que des paroles censées à la bouche : l’amour de la patrie, le droit inaliénable à la justice dont le droit de posséder une arme dérive clairement – pour se protéger des malfaiteurs et des injustices des gouvernements félons. Et, bien que je me sente devenir Indien dans mon propre pays - en attendant les réserves pour Celtes résistants à l’islamisation - j’étais de tout cœur avec ces hommes et femmes libres chevauchant dans le soleil couchant. Sans doute, devrais-je faire comme eux et le célèbre cow-boy belge : trouver une noble et blanche monture, partir vers les grands horizons, non pas vers le ponant mais vers levant et la promesse d’une aube nouvelle. Ô mes frères en belgitude, que ne sommes-nous des « Poor and lonesome cowboys ».

Charles Magne

George Bush, Maison Blanche, Républicains, Kerry, CIA, DIA, NSA, islamistes, ben Laden,



[1] L’un de ces tests consiste à prendre un groupe d’étudiants et de lui annoncer qu’ils vont, bientôt,  assister à une conférence d’un intervenant extérieur. On divise le groupe d’étudiants en deux A et B d’une centaine d’individus chacun. Dans les deux groupes, on sélectionne un ou plusieurs complices que l’on met dans la confidence. Dans le groupe A, les complices délivrent le message selon lequel ils connaissent l’orateur, que c’est un individu froid et inamical. Dans le groupe B, les complices délivrent le message selon lequel, l’orateur est chaleureux et amical. L’orateur vient. Il donne sa conférence d’une manière identique aux groupes A et B. On procède à un sondage d’opinions. Dans le groupe A, l’orateur est majoritairement jugé froid et inamical. Dans le groupe B, l’opinion inverse domine. Ce test, toujours répété avec le même succès, a également montré que le conformisme des opinions augmentait avec le nombre de complices diffusant l’opinion préalable. Avec un émetteur sans contradicteur, on obtient une conformité supérieure à 50%, 2 supérieure à 75%, 3 à 80%.

[2] Pour reprendre l’exemple de la note précédente, si dans l’un des deux groupes tests, le premier (complice) émetteur de l’information émet un avis négatif, il ne prend toute sa force que s’il est confirmé par un second émetteur. Si ce second émetteur émet un avis positif, les membres du groupe test chercheront, alors, à se faire une opinion par eux mêmes.

 

 

 

(Bastion n°85 de décembre 2004)

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