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Ne plus rembourser les antibiotiques ?

 

La plupart des infections qui sévissent chaque hiver, rhumes, pharyngites, bronchites aigües, grippes sont dues à des virus.

Le virus est un minuscule microbe de quelques millionième de millimètre, c’est une sorte de modèle frontière entre le vivant et l’inorganique. Ce n’est pas une cellule.

Contrairement à la bactérie (mille fois plus grande), le virus ne respire pas, ne peut avoir de mouvement propre, ne grandit pas et est incapable de se reproduire seul.

Il est constitué d’un matériel génétique (soit ARN soit ADN) entouré d’une enveloppe, la capside. Il lui manque les structures et la plupart des outils métaboliques présents dans les cellules et il ne peut se répliquer qu’à l’intérieur d’une cellule vivante hôte en utilisant les matériaux reproductifs de cette dernière.

En quelque sorte, il est obligé de s’intégrer dans une cellule d’accueil pour survivre et se multiplier.

Lors de l’infection, le matériel génétique du virus rentre dans la cellule hôte, fait partie, à un moment donné, de la cellule et s’en sert pour exister.

Les virus infectant l’homme sont donc constitués de gènes très proches des gènes des cellules humaines pour pouvoir s’y introduire et les utiliser. Cette similitude d’une part et l’intégration de ces parasites dans nos cellules d’autre part, les rendent inaccessibles aux antibiotiques qui ne peuvent les éliminer de façon sélective.

Les bactéries ont été les premiers organismes vivants sur terre.

Certaines bactéries vivent en bonne entente avec nous, ou sont trop faibles, ou en nombre insuffisant, pour générer des maladies. Parfois certaines prennent le dessus sur les défenses de notre organisme : une infection se développe.

Les bactéries sont formées d’une seule cellule et possèdent tout le matériel nécessaire à leur survie et à leur multiplication.

Ces cellules indépendantes possèdent des caractéristiques propres et cohabitent avec les cellules de l’hôte infecté. Les antibiotiques peuvent donc les détruire de façon précise et sélective en utilisant leurs particularités absentes des cellules humaines.

Certains antibiotiques attaquent l’enveloppe extérieure de la bactérie, d’autres agissent en perturbant le fonctionnement ou la reproduction du microbe. Ils entraînent ainsi une destruction de la bactérie.

Comment explique-t-on la résistance acquise aux antibiotiques ?

La résistance à un antibiotique est due à des mutations génétiques de la bactérie qui modifie son métabolisme de telle sorte qu’elle s’adapte et échappe aux attaques de l’antibiotique.

Lorsque les antibiotiques sont utilisés souvent et à des doses insuffisantes pour tuer rapidement les bactéries visées, celles-ci ont l’occasion de se transformer. Il s’agit d’un mécanisme de sélection naturelle.

Des mutations s’opèrent sans cesse au sein du matériel génétique. Les bactéries qui ont supporté un antibiotique grâce à ces modifications survivent et se multiplient créant ainsi une souche résistante.

Il s’agit donc, pour préserver la puissance des antibiotiques, de les utiliser de façon précise et à des doses suffisantes et suffisamment longtemps pour supprimer toutes les bactéries de l’infection.

Or, des agents antibiotiques telle l’avilamicine sont ajoutés – souvent à l’insu des agriculteurs – à des mélanges d’aliments pour bétail ou volaille et constituent ce qu’on appelle des activateurs de croissance.

En stabilisant, par exemple, la flore intestinale du poulet avec cet agent, on obtient une prise de poids et de volume beaucoup plus rapide.

Cette pratique entraîne évidemment l’apparition de souches microbiennes pathogènes résistantes qui risquent à moyen terme de causer pour l’homme des maladies difficiles voire impossible à éradiquer. En effet, la consommation de telles viandes entraîne l’absorption de faibles doses d’antibiotiques, auxquelles les cellules infectieuses peuvent s’adapter.

Que le Ministre de la santé cherche à diminuer les abus d’antibiotiques est compréhensible ; mais qu’il le fasse en limitant les remboursements ou en les subordonnant à d’impossibles formalités administratives, fait croire que le but est plutôt budgétaire…

Trop souvent, des malades réclament à leur médecin une prescription d’antibiotiques pour une maladie virale – donc pour laquelle les antibiotiques sont sans effet –, parce que si on ne leur prescrit pas d’antibiotiques, ils ont l’impression de ne pas être bien soignés. Or, une mauvaise utilisation des antibiotiques provoque l’apparition de souches résistantes, qui en cas d’infection sont insensibles aux antibiotiques, et donc impossibles à traiter.

La diminution du remboursement des médicaments (pas seulement les antibiotiques, mais aussi les antidépresseurs, les anti-cholestérol et les anti-inflammatoires) est très critiquable et anti-sociale. Il vaudrait mieux s’attaquer d’une part, à la production d’aliments contenant des traces d’antibiotiques, et d’autre part procéder à une bonne information de la population sur le bon usage des médicaments. Il n’y a pas de médicament efficace qui n’ait pas d’effet secondaire indésirable, et parfois ces effets sont bien plus nocifs que le mal que l’on veut guérir.

Dr Adèle.

 

 

 

(Bastion n°85 de décembre 2004)

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