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UNE JUSTICE INDépendante ?

 

En 1985, durant la campagne électorale, j’ai été agressé sur le parking du Match de Seraing par une équipe socialiste. J’étais alors attaché au cabinet du Ministre de la Justice, Jean Gol.

Blessé, souffrant de plusieurs fractures et d’une solide commotion cérébrale, j’ai dû être opéré en urgence à l’Hôpital Militaire de Liège. J’en ai conservé une invalidité permanente – reconnue par la Justice, mais non indemnisée – de 20 %.

Mes agresseurs ont été identifiés, dont un policier de Seraing. Ils m’ont rendu mes clés, ma montre et mon portefeuille, parce qu’on les « couvrait », mais pas pour vol! Ils se revendiquaient ouvertement de la protection du Procureur-Général de Liège.

Condamnés en première instance, ils ont été acquittés en appel, parce qu’il n’y a pas de responsabilité collective et qu’on n’avait pu identifier qui avait effectivement occasionné mes blessures.

Incroyable mais vrai, l’avocat général avait même pris la défense des prévenus en affirmant que c’était de la provocation de coller des affiches autres que socialistes à Seraing!

J’avais déjà de bonnes raisons de douter de l’indépendance de la Justice: au cabinet, j’avais pu me rendre compte du mode de nomination et des nombreuses interventions auprès de magistrats de la bonne couleur. J’avais même entendu mon bourgmestre dire publiquement lors d’un cocktail au juge de paix du cru: « souviens-toi qui t’a nommé »!

J’ai partagé la vie d’une magistrate. Celle-ci ne faisait pas mystère de la manière dont elle avait été nommée et promue. Elle ne se faisait aucune illusion en parlant de « la magistrature du coup de téléphone ».

Plus récemment, j’ai été choqué par la manière dont le bureau électoral de Liège, présidé par Claire Lovens, présidente du tribunal de première instance, a écarté, illégalement et sans motiver sa décision, la liste FNB, lors des dernières élections régionales.

Je n’ai donc pas été surpris d’assister au déballage de l’affaire Lizin. Ce qui m’a étonné, par contre, c’est que la présidente du Sénat intervienne par écrit, en la tutoyant, au domicile privé de la présidente de la Cour d’Appel de Liège. C’est dire à quel point Anne-Marie Vanderspeeten – épouse Lizin – se sentait sûre d’elle. D’habitude, on intervient discrètement par téléphone, pour ne pas laisser de traces.

Parce qu’il y a des magistrats honnêtes, impartiaux et ingrats politiquement. Surtout quand ils n’ont plus rien à solliciter auprès des politiciens, ou quand ces derniers exagèrent. Et les politiciens le savent: c’est pourquoi, ils sont généralement prudents et adroits, quand ils interviennent...

La réaction du monde politique m’a étonné. Qu’ils s’insurgent et réclament une démission ou des sanctions, quoi de plus normal. Qu’ils osent affirmer que cela ne se fait jamais, est pure hypocrisie: cela se fait, souvent, trop souvent, et même énormément!

Et ce sont toujours les mêmes qui sont coutumiers du fait: des politiciens clientélistes –souvent socialistes – spécialistes des permanences sociales. C’est leur façon de devenir populaires. C’est ainsi que Guy Mathot a fait carrière et pouvait quasi tout se permettre.

Beaucoup d’électeurs adorent ce genre de politiciens. C’est un drame: quand on favorise l’un, on défavorise les autres. Ce qu’on accorde sur base de pistons, on le refuse aux compétents, travailleurs et méritants. Ce sont ces interventions qui minent la Démocratie!

C’est pourquoi, nous soutenons sans réserve tout projet instaurant des sanctions pénales pour ce type de corruption. Car il s’agit de corruption: un petit service contre une voix aux élections…

Il n’est pas étonnant non plus que la socialiste Onkelinx veuille supprimer – ou « réformer » – la Cour d’Assises: on influence plus difficilement un jury populaire qu’un magistrat professionnel. Toutes les dictatures se sont attaquées au Jury populaire, trop indépendant. Pourquoi l’a-t-on supprimé en matière de délits politiques et de racisme ou xénophobie?

J’ai présidé le Conseil de Guerre – suprême ironie dans la salle où je comparais maintenant moi-même comme prévenu, avec en arrière plan un gigantesque tableau représentant le siège de Vienne par les Turcs –, j’ai également siégé à la Cour Militaire, et je suis donc un partisan inconditionnel du jury en matière judiciaire. Mais un jury qui délibère sans la présence de magistrats: j’ai été choqué de voir comment le président (civil) de la Cour Militaire manipulait ses assesseurs militaires, y compris des généraux! Qu’en sera-t-il si des magistrats professionnels devaient assister à la délibération d’un jury de simples citoyens?

Aux Etats-Unis, on établit le jury pour la plupart des procès. Pourquoi ce qui est possible là bas, ne serait-il pas possible ici? Ne serait-ce pas parce qu’une Justice indépendante n’intéresse pas nos politiciens ? Tout le reste n’est à mon avis que poudre aux yeux.

Une Justice réellement indépendante est un fondement de l’Etat de Droit, et donc de la Démocratie !

François-Xavier ROBERT

Anne-Marie Lizin, Laurette Onkelinx, Marc Uyttendaele, Marc Uytendaele, Carine Doutrelepont, Lessuisse, Léon Giet, Durant, Cour d'Assises

 

 

(Bastion n°88 de mars 2005)

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