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Qu’est ce que l’Occident ?

 

Chers et fidèles lecteurs, le mois de mars a bien failli me prendre au dépourvu d’un bon sujet. J’attendais avec impatience la publication du troisième tome du principe de Lucifer pour vous livrer quelque considération impertinente et printanière, mais Bloom n’a point fleuri. Il nous faudra donc attendre le bon vouloir du Jardin des livres pour compléter le triptyque commencé au mois de janvier.

Heureusement, un de mes bons amis m’a récemment envoyé un aimable mot par lequel il me demandait si j’avais lu le dernier livre de Philippe Nemo « Qu’est-ce que l’Occident » ? Selon sa correspondance, l’ouvrage reprenait, trait pour trait, plusieurs des arguments que j’avais développés dans une série d’articles portant sur les piliers de la civilisation européenne (Bastion 73 et suivants).

J’étais, bien entendu, intrigué. Se pouvait-il qu’un intellectuel français de renom, régulièrement publié aux Presses Universitaires de France soutienne des analyses qui nous valent précisément d’être traduits en justice en Belgique ? Il y avait manifestement là un excellent sujet et je remerciais la divine Providence de me l’avoir apporté à un moment où je doutais d’en trouver un de qualité.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas les hypothèses que j’ai développées dans Les quatre piliers de la civilisation européenne, je les rappellerais brièvement. Ce que je soutenais alors [un an avant Phillippe Nemo] c’était 1) A l’origine des grandes civilisations connues, il y a  l’homogénéité ethnique 2) la civilisation européenne se distingue des autres par  la démocratie, 3) l’esprit de science, 4) le respect des droits de propriété.

Je reviendrai plus loin sur le premier point qui nous vaut, évidemment, les attaques les plus féroces. Mais, il faut savoir que nous sommes , aussi, cités en justice pour avoir écrit que la civilisation européenne avait inventé la démocratie !!! Or, selon les attendus de la citation, l’énoncé de cette vérité pourrait laisser penser nous avons là quelque arrière-intention discriminatoire. Bien que le concept d’incitation à la discrimination civilisationnelle ne me semble pas juridiquement très clair, je puis ajouter à l’adresse des stakhanovistes de l’antiracisme professionnel que, dans une perspective darwinienne, j’aurais du mal à croire à la supériorité intrinsèque de la démocratie européenne sur les autres civilisations. Il se pourrait très bien que les dictatures musulmanes, prolifiques et dépourvues de tout scrupule humaniste, finissent par l’emporter…

 Pourtant, je demeure personnellement convaincu que la démocratie (particulièrement dans sa conception grecque originelle, voire suisse aujourd’hui) est le régime qui assure le plus grand bonheur des individus. Qu’il y a là une forme de supériorité politique indéniable. Et, si c’est être un criminel de la pensée que de l’affirmer, il faut que notre nomenklatura politique et judiciaire ait le courage de le dire publiquement à nos concitoyens. Quoi qu’il en soit, venons-en à Nemo et à sa conception de l’Occident. Pour lui, l’Occident est une sorte d’Europe étendue, dont l’existence a été rendue possible par cinq événements distincts :

1. « L’invention de la Cité, de la liberté sous la loi, de la science et de l’école par les Grecs ». 2. « L’invention du droit de la propriété privée, de la personne et de l’humanisme par Rome ». 3. « La révolution éthique et eschatologique de la Bible »… 4. « La révolution papale des XIe-XIIIe siècles qui a choisi d’utiliser la raison humaine sous les deux figures de la science grecque et du droit romain ». 5. « La promotion de la démocratie libérale »[1].

Comme on peut le constater, on retrouve dans les définitions de Nemo, trois des quatre piliers que nous avons identifiés. Cependant, il y manque celui de l’homogénéité ethnique. Pour être honnête, il faut signaler que Nemo rejette formellement cette hypothèse : «L’Occident que je cherche à définir n’est pas un peuple mais une culture pensée par plusieurs peuples. Ont été impliqués dans cette histoire des hommes d’ethnies différentes qui ont assumé volontairement des valeurs étrangères à celles de leur groupe d’origine. Je songe aux Romains s’hellénisant, aux Gaulois vaincus acceptant d’assez bon gré la latinité (ils abandonnèrent totalement leur langue en deux ou trois générations) aux Européens se convertissant en masse au christianisme, plus tard à l’Europe chrétienne elle-même décidant de s’approprier ces le droit romain et la science grecque et de constituer ces passés là comme son passé… Chaque fois ces groupes ont donc assumé une filiation spirituelle qui ne correspondait pas à leur filiation biologique ou ethnique… Nous mêmes, Européens qui sommes-nous, sinon des colonisés qui avons reconnu comme nos ancêtres Socrate et Cicéron, Moïse et Jésus plus que les êtres frustres qui peuplaient les forêts celtes? [2] »

Le plus étonnant dans ce passage ce n’est pas la position développée par Nemo, qui est politiquement conforme, c’est qu’il éprouve le besoin d’une déclaration aussi longue pour se distinguer de l’hypothèse d’un lien phylogénétique entre un peuple et sa culture. S’agit-il, alors, d’une longue formule propitiatoire qui permet à l’impétrant d’être publié ? On est en droit de se le demander. On verra, d’ailleurs, comment cette prise de position est, par la suite, invalidée par plusieurs de ses réflexions.

Toutefois, avant de mettre en lumière les contradictions de Nemo à ce sujet, on observera que si l’hypothèse de la filiation biologique du fait civilisationnel était dépourvue de tout fondement, l’auteur n’éprouverait même pas le besoin de s’y référer, fut-ce négativement. Ainsi, lorsqu’on étudie la géographie, la géologie ou la tectonique, il n’est pas besoin de rappeler, dans chaque ouvrage, que la terre est ronde et qu’il n’y a pas de raison de croire qu’elle est plate.

Cependant, qu’il me soit permis de préciser que lorsque je soutiens l’hypothèse qu’à l’origine des grandes civilisations, il y a homogénéité ethnique, je n’en ai fait pas une obsession politique. J’accepte volontiers toute argumentation contraire, scientifiquement étayée et confirmée par les faits historiques.

Je tiens aussi à rappeler solennellement, dans ces colonnes, que le concept d’homogénéité ethnique relié à la morphogenèse des grandes civilisations n’est pas un concept d’objectif ou de résultat. C’est un simple constat historique. Ce n’est pas davantage un concept de pureté raciale qui se baserait sur une échelle biologique des êtres servant à déterminer la supériorité d’une race sur une autre : ce n’est donc pas, en bonne logique, un concept raciste.

On pourrait, alors, nous objecter que certes ce n’est pas un concept raciste mais qu’il s’agit d’un concept discriminatoire s’opposant au concept juridiquement obligatoire de société multiculturelle et multiraciale. A ce stade, je n’argumenterai pas sur le fait qu’un concept non susceptible de critique est non scientifique et anti-démocratique. J’insisterai davantage sur le fait que nous avons simplement dit qu’une société, pour se former, requérait un minimum d’homogénéité et qu’il y avait un seuil à partir duquel la cohésion sociale n’est plus possible. Nous n’avons jamais défini ce seuil (pour une simple raison : la société multiraciale relève de l’expérimentation sociale et nous n’avons pas de base statistique pour dire à quel moment la société belge éclatera). Ainsi, nous n’avons pas proposé de seuils qui permettraient de fonder une discrimination en droit. Par exemple, nous n’avons pas écrit que la société belge ne devrait tolérer que 25%, 50% ou 75% d’allogènes. Notre seule certitude, c’est qu’à 100% d’allogènes la Belgique telle que nous la connaissons disparaîtra. N’est-ce pas là une vérité première ?

On pourrait encore nous objecter que ce n’est pas une hypothèse réaliste… Mais qu’est-ce qu’une hypothèse historiquement réaliste ? Lorsqu’on observe ce qu’était le peuplement de la Belgique, il y a peine quarante ans et ce qu’il est devenu, on peut anticiper la quasi-disparition du peuple de souche en moins d’un siècle. Cette évolution met en évidence le caractère absurde du concept de société multi-multi, qui est une photographie raciale (bien que les pseudo-races n’existent pas) à un instant T de la population d’un pays donné et ne tient compte ni des changements démographiques ni des flux migratoires. En clair, la société multi-multi obligatoire pour tous n’est possible que si elle est soutenue par une politique de quotas raciaux. Sinon, il est évident qu’il existe un risque de remplacement d’une population par une autre. En cela, le paradoxe de la société multi-multi, c’est qu’elle devrait être fermée pour se maintenir. Sans quoi, elle peut rapidement, sous l’effet d’une immigration incontrôlée, conduire à une société mono-mono - par exemple mono afro-musulmane. Si l’on saisit bien ce qui précède, on comprend que les véritables motivations des partisans de la politique des frontières ouvertes sont de procéder à l’éviction du peuple de souche, ce que nous ne pouvons accepter, en aucun cas.

Après cette mise au point, je me sens plus à l’aise pour critiquer certains partis pris par Nemo dans son introduction. Ainsi, lorsqu’il soutient qu’un peuple peut incorporer des éléments culturels d’une autre civilisation dans la sienne cela semble incontestable ; du moins jusqu’à un certain point. Après tout, nous utilisons bien la poudre chinoise, usons d’une comptabilité d’origine babylonienne et buvons du thé indien. Ce n’est pas pour autant que nous intégrons l’histoire de l’empire du milieu ou des rives du Gange à la nôtre.

En cela, les exemples mis en avant par Nemo, pour disqualifier l’hypothèse d’un Occident fondé sur un peuple, sont plutôt mal choisis. Qu’on en juge : tous les peuples cités dans son argumentation sont des peuples indo-européens qui partagent une origine et une religion communes. Chacun d’entre eux peut se reconnaître ‘’ethniquement’’ dans l’histoire des autres. De fait, les Grecs doriens avaient la même origine que les Romains. Ce n’est pas un hasard, si leurs statuaires se sont fondues et qu’il est; quelquefois; difficile de les distinguer.

Quant aux Gaulois, il est totalement faux d’écrire qu’ils ont accepté de bon gré la latinité. C’est un peu vite oublier la résistance gauloise dirigée par Vercingétorix en Gaule du Sud et Ambiorix dans nos contrées. Il est même remarquable que les Gaulois aient conservé leur langue pendant trois générations, malgré la politique d’anéantissement culturel pratiquée par les Romains. Celle-ci a consisté, il faut le rappeler, en la destruction des centres culturels gaulois, le massacre de leur population – comme à Avaricum, l’actuelle Bourges -, la liquidation physique des druides gardiens de la langue et la pratique obligatoire du latin pour tous les actes publics. Comme dans bien des cas, c’est l’élite qui a trahi en premier et s’est mise au service de l’occupant pour conserver ses prébendes. Le peuple a, pour sa part, longuement résisté à la romanisation – non pas deux générations mais deux siècles. On peut même affirmer que sa résistance linguistique se poursuit depuis vingt siècles dans les réduits bretons et irlandais. C’est pour cette raison que le gaëlique y est toujours parlé – fait que semble ignorer Nemo. Quant à la remarque à propos des êtres frustres qui peuplaient les forêts celtiques, nous n’aurons pas la désobligeance de la commenter. Les vrais connaisseurs des civilisations antiques savent à quel point de raffinement et de développement technique étaient parvenus les Celtes.

Ce qui importe ici c’est de relever que même l’acculturation entre peuples de même souche ne va pas de soi. Elle se fait, toujours, par force ou la contrainte. Ainsi, l’islamisation des sociétés européennes se fait, selon nous, contre la volonté des peuples concernés. C’est en tout cas ce que montre la fuite massive des Hollandais qui refusent l’islamisation de leur pays d’origine (plusieurs dizaines de milliers par an depuis l’assassinat de Pim Fortuyn et de Theo van Gogh selon Trends Tendances).

Malgré quelques fausses notes de départ, on trouve chez Nemo d’excellentes observations. La première est que la civilisation occidentale a une nature propre, irréductible aux autres. Dans la définition de ses frontières, il exclut les civilisations asiatiques, musulmanes et les pays africains et même orthodoxes. Pour Nemo, l’Occident se compose de l’Union Européenne moins la Grèce plus la Suisse, la Norvège, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande… A y regarder de près, cette liste est pour le moins surprenante dans la mesure où elle se compose, presque exclusivement, de pays majoritairement peuplés par des Européens de l’Ouest ou leurs descendants. Alors que Nemo soutient que l’Occident n’est pas un peuple ! N’y a-t-il pas là quelque contradiction ? Que dire aussi de la raison avancée par l’auteur pour exclure les pays d’Amérique latine de son Occident : « Il subsiste dans plusieurs [de ces pays] des populations nombreuses de cultures amérindienne, peu transformées en profondeur, par la culture des colonisateurs et qui revendiquent souvent d’ailleurs une identité autochtone ou métissée ». Et de celle-ci pour porter un jugement mitigé sur Israël : « L’Etat d’Israël pose un problème spécifique. A sa création en 1949, ce fut un pays quasi occidental qui établit des institutions similaires  à celle des Etats européens où les immigrants étaient et avaient vécu préalablement à leur immigration… Mais on peut se demander si la situation n’est pas en train d’évoluer… une nouvelle immigration en provenance des Etats arabes et de l’ex-URSS ont favorisé un certain traditionalisme religieux qui va jusqu’à remettre en cause, en Israël, les valeurs de droit laïc et pluraliste. ».On recommandera à Philippe Nemo de se rendre, à l’occasion, au Chili. Il pourra s’y rendre compte que ce pays est, aujourd’hui, bien plus occidental que le sien.

Néanmoins, ce que l’on retiendra, de cet extrait, c’est qu’un changement de population entraîne un changement de civilisation. Cela est tellement vrai que l’auteur en vient à dénoncer le grand risque qui pèse sur notre civilisation : « L’islam n’a connu certaines formes politiques de la laïcité et de la démocratie que dans les dernières décennies, du fait de la domination géopolitique de l’Occident, et le développement actuel de l’islamisme montre la fragilité de ces emprunts. En conséquence et sans préjuger des rapides évolutions du temps présent, il est clair qu’il existe une réelle distance entre culture islamique et culture occidentale qui oblige à placer les pays arabo-musulmans à l’extérieur de l’Occident. Du coup, l’immigration massive de populations musulmanes non acculturées n’est pas sans poser un grave problème[3] ».

Ainsi, après force contorsions rhétoriques, Nemo en arrive aux mêmes conclusions que Samuel Huntington et Howard Bloom. Curieux non ? Etrange aussi que ce soient ces conclusions auxquelles il n’est plus possible de parvenir légalement en Belgique. C’est pour cette raison que nous militons pour le rétablissement de la liberté d’opinion dans notre pays. Car, comme l’écrit très pertinemment Nemo :

« Les hommes de l’Etat n’ont et n’auront jamais aucun monopole ni privilège dans le discernement du Vrai du Beau et du Bien. Les gouvernants, en effet, sont non seulement des hommes comme les autres mais des hommes potentiellement pires parce qu’ils sont exposés, du fait qu’ils possèdent un plus grand pouvoir, à pécher plus gravement. Aussi, serait-il fou de leur postuler quelque science infuse, une inspiration ou une vocation qui justifieraient qu’ils soient placés au-dessus du droit commun. Il faut, au contraire, les contrôler pour les empêcher de nuire. [4]»

Chez nous, il y a bien longtemps que les hommes de l’Etat sont au-dessus des lois. C’est ce qui leur permet de placer les opposants, de notre espèce, en dehors du droit. Mais, courage mes frères et sœurs en dissidence, un jour la démocratie sera restaurée. Et ce jour là, ils cesseront de nuire.

 

 



[1] Philippe Nemo, Qu’est-ce que l’Occident ?, PUF, Paris, Octobre 2004, pp.. 7-8

[2] Op. cit., pp.. 9-10.

[3] Op. Cit. P.114.

[4] Op. cit. p.80.

 

 

(Bastion n°88 de mars 2005)

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