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Historiquement correct

  Par Charles Magne

 

Chers et fidèles lecteurs, lorsque la rédaction du Bastion m’a demandé de m’associer à la célébration du centième anniversaire de la naissance de George Orwell, j’ai été un peu embarrassé[i]. Il me semblait que les journaux commémoreraient largement l’événement à l’approche de l’été et qu’il y aurait peu à ajouter à un sujet, apparemment, consensuel.

Or, quelle ne fut pas ma surprise de constater, l’automne venu, que la grande majorité de la presse francophone avait, tout simplement ignoré l’anniversaire, passant sous silence l’œuvre et la vie de l’un des plus grands auteurs anti-totalitaires. Parmi les rares journaux à l’avoir évoqué, il y eut le quotidien parisien Libération. Encore, était-ce pour le calomnier. Ce journal a en effet, dans son édition du 25 juin[ii], accusé Orwel d’avoir, pendant la guerre froide, dénoncé des auteurs communistes auprès de l’Intelligence Service.

Pourtant, ce mensonge avait été démonté peu après son invention (1996) par un journaliste du Guardian en mal de scoop. Celui-ci avait intentionnellement déformé un passage d’une lettre d’Orwell, à l’une de ses amies, pour avancer une thèse aussi sensationnelle qu’absurde. Une brochure, parue aux éditions Ivréa (George Orwell devant ses calomniateurs, 1997), a d’ailleurs mis à jour les rouages de la supercherie. Sept ans après, on peut se demander pourquoi Libération l’a relancée ?

Avant de répondre à cette question, on donnera un aperçu du ton de l’article de Libération en citant les cinq qualificatifs retenus pour dépeindre Orwell : négligé, mauvais en chimie, dépassé, invalide et collabo. Avec ce florilège, à la Khmer-rouge, on voit tout de suite dans quel registre on se place : celui de l’attaque ad personem et non celui du débat d’idées. D’ailleurs, on chercherait en vain, dans cet article, la moindre analyse sur les idées d’Orwell et son apport à la sociologie politique.

Ainsi se dévoilent les vrais motifs de la calomnie : elle vise à jeter le discrédit sur un auteur et, au-delà, à effacer de la mémoire collective son œuvre, devenue politiquement incorrecte. Une relecture d’Orwell risquerait, en effet, de conduire à une prise de conscience collective du glissement progressif de nos systèmes politiques vers un totalitarisme de type post-soviétique.

Ainsi, s’éclairent les silences et les diffamations de la presse officielle. Ils traduisent un raidissement du système confronté à la montée des contradictions qu’il génère.

C’est ici que la critique orwellienne prend tout son sens. Elle nous enseigne que lorsque la réalité ne correspond plus au discours politique, les dirigeants - d’un système totalitaire - la recomposent par la manipulation de l’information et la réécriture de l’histoire. Les deux phénomènes sont liés, car le présent découle du passé. Il faut donc modifier l’un et l’autre pour empêcher toute critique du régime de se manifester. : « Le changement du passé est nécessaire pour deux raisons […] le prolétaire, tolère les conditions présentes parce qu’il n’a pas de point de comparaison. Il doit être coupé du passé […] La plus importante raison qu’à le Parti de réajuster le passé est, de loin, la nécessité de sauvegarder son infaillibilité […] C’est aussi que le Parti ne peut admettre un changement de doctrine ou de ligne politique. Changer de décision ou même de politique c’est un aveu de faiblesse […] Aussi l’histoire est-elle continuellement réécrite. Cette falsification du passé, au jour le jour […] est aussi nécessaire à la stabilité du régime que le travail de répression ou d’espionnage […] La mutabilité du passé est le principe de base de l’Angsoc. Les événements passés, prétend-on, n’ont pas d’existence objective et ne survivent que par les documents et la mémoire des hommes. Mais comme le parti a le contrôle complet de tous les documents […] il s’ensuit que le passé est ce que le Parti veut qu’il soit »[iii].

En ce qui concerne le présent, il suffit d’ouvrir un poste de télévision ou de radio pour se rendre compte que les sujets qui fâchent (lorsqu’ils sont traités) sont systématiquement altérés. L’immigration devient envahissante et échappe à tout contrôle ? On chante les mérites de la société multiculturelle ! Le chômage de masse se développe ? On dénonce la mondialisation  ! La délinquance d’origine étrangère augmente ? On condamne le racisme des Belges ! La dénatalité s’accentue ? On prône l’importation de multitudes afro-musulmanes.

Cette agit-prop, de tous les instants, montre que, pour l’actualité, on est déjà entré de plain-pied dans l’univers dénoncé par Orwell. Mais qu’en est-il du passé ? Est-il, lui aussi, touché par le principe de mutabilité énoncé dans 1984 ?

Jean Sévilla répond à cette question dans son essai : « Le politiquement correct quand il puise ses images dans l’histoire n’a que faire [de la chronologie et des faits]. Au gré des slogans il joue des époques et des lieux ressuscitant un phénomène disparu ou projetant dans les siècles antérieurs une réalité contemporaine. Jugeant le passé au nom du présent, l’historiquement correct traque le racisme et l’intolérance au Moyen Age, le sexisme et le capitalisme sous l’Ancien Régime, le fascisme au XIXe siècle. Que ces concepts ne signifient rien hors de leur contexte importe peu : médiatiquement l’anachronisme est payant. Ce n’est pas le monde de la science, mais de la conscience ; ce n’est pas le règne de la rigueur mais de la clameur ; ce n’est pas le règne de la critique mais de la dialectique. C’est aussi et surtout le règne du manichéisme […] il réduit tout à l’affrontement du Bien et du Mal. Mais un Bien et un mal réinterprétés selon la morale d’aujourd’hui […] Des personnages, des sociétés entières sont ainsi diabolisées. Toutefois ils ne forment qu’un leurre. Ce ne sont pas eux qui sont visés : par procuration c’est nous. »[iv]

            Nécessairement, la pensée unique conduit au mensonge permanent : « Chaque jour, des spécialistes qui ont consacré des années à tel ou tel sujet subissent l’épreuve de découvrir, au hasard d’un article de journal, d’une émission de radio ou de télévision des contrevérités flagrantes ».

            A partir de ce constat, Sévilla entreprend de rétablir la vérité sur une période allant du Moyen Age à la décolonisation. En cela, il nous offre une véritable cure de désintoxication idéologique. Bien que le livre soit axé sur l’histoire de France, le lecteur belge retrouvera aisément son passé perdu au travers de plusieurs thèmes. Parmi eux, on en retiendra trois : les croisades, l’islam et la traite des esclaves.

            Sur ces trois thèmes, Sévilla a le courage de remettre les idées à l’endroit. A propos des croisades, l’auteur souligne justement qu’elles sont une réaction à l’expansion militaire de l’islam : « Partis à la conquête du monde pour répandre la foi de Mahomet, les Arabes prennent la Palestine en 638. Les Chrétiens de Palestine sont tolérés. Cependant, ils sont réduits à la condition de dhimmi : moyennant le port de signes distinctifs et le paiement d’un impôt spécial, la djizya, ils sont autorisés à pratiquer leur culte. Mais il leur est interdit de construire de nouvelles églises, ce qui, à terme, les condamne. […] Au début du XIe siècle, la situation se tend. Les chrétiens qui servent dans l’administration du califat sont forcés de se convertir à l’islam. En 1009, le calife El-Hakim ouvre la persécution et fait détruire le Saint-Sépulcre […] Bientôt des nouveaux envahisseurs se répandent sur la Palestine : les Turcs. En 1078, les Seldjoukides s’emparent de Jérusalem. A partir de cette date les pèlerinages deviennent extrêmement périlleux, puis ils s’interrompent. Effectuer un pèlerinage, pour un chrétien du Moyen Age est un acte de courant [de foi et de repentance]. Alors ne plus avoir la possibilité de se recueillir sur le tombeau du Christ, ce n’est pas supportable. La croisade répond en premier lieu à une exigence morale et pratique délivrer les lieux Saints. »

            Dans ce chapitre, l’auteur tord le cou à plusieurs autres idées reçues (des historiens marxistes). Notamment celle selon laquelle les croisades auraient été inspirées par l’appât du gain. Dans les faits, la chevalerie occidentale s’est ruinée dans l’aventure. Il dénonce, aussi, la vision idéalisée  du djihad : « Le djihad prétend Cécile Morisson ne débouche pas comme la croisade sur le choix entre la conversion ou la mort offerts aux musulmans vaincus… contrebalançons cette vision idyllique par le récit de la prise de Jérusalemn rédigé par Imad ad-Din, secrétaire de Saladin : ‘’ On marchait pour passer la bride à Jérusalem devenue rebelle ; pour y faire taire le bruit des cloches chrétiennes et retentir l’appel islamique à la prière, pour que les mains de la foi en chassent celles des infidèles, pour la purifier des salissures de leur race, des ordures de cette humanité inférieure, pour réduire leur esprit au silence en rendant muant leurs clochers’’. »

On appréciera la citation marquée au fer de l’islam christianophobe. Celle-ci nous permet d’aborder un second thème du politiquement correct : le mythe de la tolérance musulmane en Andalousie :

« Dépeindre l’Espagne musulmane comme un modèle de coexistence pacifique relève de la fable. La légende, observe Manuela Martin, a imprégné le discours politique et est devenue un argument rhétorique commode pour affirmer le caractère bienfaisant de l’ouverture aux autres cultures. Mais le mythe fonctionne précisément parce que, aujourd’hui, on en a besoin. »

Là est la vraie raison, c’est bien parce que l’islam est foncièrement intolérant et guerrier, qu’il nous est présenté au travers du concept noirblanc cher à Orwell. Aussi, nous répète-t-on à l’envi qu’il est une religion d’amour et de paix (La guerre c’est la paix, 1984) afin d’anesthésier la conscience historique et les capacités des Européens colonisés.

De la même façon on instrumentalise l’esclavage pour nous faire accepter l’immigration massive des sub-sahariens. Or, dans ce domaine comme dans bien d’autres, les Européens n’ont pas plus de raisons d’être culpabilisés que les Arabes ou les sub-sahariens eux-mêmes : « A son apogée la traite (des esclaves) n’était possible qu’avec la complicité des potentats noirs et des marchands d’esclaves qui vendaient leurs frères de couleur. Mais ils n’avaient pas attendu les Européens pour se livrer à ce commerce. La traite des noirs remonte à des temps immémoriaux. Pendant plusieurs siècles durant, elle a alimenté l’Afrique du Nord et le Proche-Orient, à l’instigation et au profit des pays musulmans. […] En dix siècles, les Arabes auront ainsi déporté 12 millions de Noirs. »

C’est même à la gloire des Européens d’avoir mis un terme à cette pratique et plus particulièrement à Léopold 1er.  Celui-ci, en souverain catholique, a été particulièrement sensible aux appels du Cardinal Lavigerie chef de l’église d’Afrique. : « Si un voyageur raconte-t-il à Bruxelles, perd la route qui va de l’Afrique équatoriale où se vendent les esclaves, il peut aisément la retrouver par les ossements dont elle est bordée… Deux millions de créatures disparaissent par an [du fait des Arabes]. C’est la destruction de tout un continent… L’appel du cardinal Lavigerie sera entendu.  Le 18 novembre 1889, à Bruxelles, le roi des Belges accueille les représentants de seize gouvernements réunis pour déterminer les mesures à prendre en vue de réprimer la traite des esclaves. » Ce qui nous amena à l’inévitable confrontation avec les Etats musulmans. Cet épisode de notre histoire nationale est commémoré par le monument sis dans le parc du cinquantenaire, qui fait régulièrement l’objet des attaques de la mosquée et des lobbies islamophiles. Gageons que d’ici quelques années, il sera retiré parce qu’historiquement incorrect… A moins que nos compatriotes retrouvent le goût de la vérité et parviennent à se désintoxiquer de cinquante ans de mensonges crypto-marxistes et de propagande néo-trotskiste.

Pourtant la cure est simple. Il suffit, à l’image du héros d’Orwell, Winston, de se répéter  : A bas Big Louis, A bas Big Louis et le Belgsoc ! Et tout peut arriver, même la chute de la dictature multiethnique et multiculturelle.

 

Voir également à propos de George Orwell:

1. Relire Orwell

2. La ferme des aminaux

3. Orwell et Huxley



[i] Orwell est né le 25 juin 1903.

[ii] Libération, Frédérique Roussel, Les parts d’ombre de George Orwell, édition du 25 juin 2003.

[iii] George Orwell, 1984, Folio, pp. 302-303.

[iv] Jean Sévilla, Historiquement correct, Perrin, 2003, pp.12-13.

 

(Bastion n°76 de décembre 2003)

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